Fête
à Léo 2012.
Des
sources de Budos aux berges du Ciron
Samedi 4 Août
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Malgré l’éloignement des lieux
visités ce jour, malgré la date correspondant au « chassé-croisé »
très circulé entre juilletistes et aoûtiens, la Fête à Léo a déplacé 160
marcheurs intéressés de rencontrer le patrimoine local décrit en partie par Léo
Drouyn. La mairie de Budos servait de lieu de rendez-vous avec son café de bien
venu. Le beau temps s’était invité à la Fête comme à l’accoutumée.
Sur l’une des façades de la
maison commune (ancien presbytère), présence de quatre extraits de chapiteaux de qualités et de
conservations inégales.
Chapiteaux : Tête d’une
colonne couronnant le fût et supportant l’entablement (architecture).
Ils furent sauvés des travaux de
reconstruction du clocher effectués au XIXème siècle. Ils proviennent tous de l’église
primitive. Cette dernière datait de la seconde moitié du XIIème siècle. Elle
était située au cœur du village qui était juché sur un promontoire dominant la
vallée de la Garonne au nord et la vallée du Ciron vers l’est. La sculpture des
chapiteaux devait illustrer quatre des péchés capitaux. Ici, la discorde (deux hommes en robes
longues se disputant) et l’avarice (diable étreignant un homme avec une bourse).
L’église initiale devait ressembler
aux églises rurales du Moyen Age. Elle devait être dotée d’une nef unique
orientée vers l’est avec une abside en cul-de-four
qui existe encore.
Cul-de-four : voûte formée d’une demi- coupole (architecture)
La façade ouest était surmontée
d’un clocher pignon plat surmonté de trois ouvertures recevant les cloches.
L’église actuelle revisitée
architecturalement par le cardinal Donnet présente un autre aspect notamment
avec le clocher porche qui surplombe et protège le portail. Cette intervention
a été rendue nécessaire car le clocher pignon roman se lézardait menaçant de
s’écrouler. Il est dit que du sommet du clocher actuel il est possible de voir
33 autres clochers à la ronde. Sous ce porche l’encadrement de la porte est du
XIVème siècle. Les deux sculptures présentent évoque les péchés capitaux dont la
luxure (femme grimaçante avec un serpent qui lui tête le sein), la gourmandise
(homme joufflu encapuchonné)
Présence de deux nefs latérales
encadrant la nef principale. En effet, entre la fin de la guerre de Cent Ans
(1453) et le début de la fronde (moitié XVIème siècle) une longue période de
paix et de tranquillité a favorisé une expansion démographique. Il fut
nécessaire d’agrandir les églises (nefs latérales ou bas-côté) car la pratique
religieuse était en forte augmentation.
Le chevet roman de l’église de
Budos présente une architecture sur trois niveaux. Les interventions
rénovatrices, toutefois, ont laissé des traces qui nuisent à la qualité
architecturale présentée (notamment avec la présence de deux contreforts à glacis).
Contrefort à glacis : Pilier de renforcement en saillie sur un mur
ou séparé de celui-ci dont la poussée lui est transmise par un arc boutant.
Glacis : pente pour assurer l’écoulement des eaux (architecture).
Les murs sont faits dans un bel
appareillage. Les baies sont dans la tradition saintongeaise. Le chevet composé
de 9 pans est rythmé par des colonnes groupées par trois engagées au tiers ou
au quart. Présence de contreforts à
glacis qui en disent long sur les contraintes (surcharges et poussées)
auxquelles il fallut s’opposer pour assurer la pérennité de la construction. Un
élégant cordon de feuillage sculpté court le long de la façade.
A l’intérieur, précédé par l’arc
triomphal en forme d’« anse de panier » l’abside du chœur est
dissimulée derrière un mur construit au XVIIIème siècle. Il porte une
représentation de St Romain. Les bas-côtés ont accueilli les sépultures des
barons La Roque-Budos. Un petit autel en bois, érigé en l’honneur des morts du
village disparus pendant les deux guerres mondiales, recouvre une énorme pierre
circulaire dotée d’un trou axial obturant hermétiquement un passage mystérieux.
Il a été convenu de garder à ce passage le secret qui lui appartient. L’église
de Budos est dédiée à St Romain. Cette dédicace serait assez rare en Gironde
car seulement utilisée une dizaine de fois.
Château de Budos :
Fut construit sur ordre de
Raymond Guillem de Budos neveu du pape Clément V bien doté par ce dernier. Il
refait le vieux château familial en 1306 s’inspirant des dispositions
architecturales du château voisin de Villandraut. Le château initial devait se
situer à proximité ou bien en lieu et place du château actuel. Il sera la
propriété du roi d’Angleterre puis plus tard sera donné à Gaston IV de Foix-Béarn,
comte de Foix. Il sera pillé, saccagé et ses archives brûlées en 1652. En 1825,
le bâtiment est vendu comme bien national. Au milieu du XIXème siècle ses
pierres sont vendues à la pièce pour assurer le flottage du bois sur le Ciron.
Il est sauvé par Léo Drouyn qui aurait saisi la Commission des Monuments
Historiques de la Gironde. Ce château propose une architecture globale du 14ème
siècle mais avec les traces de trois campagnes de modifications ou
restaurations qui ont eu lieu entre le 15ième et 16ième siècles, puis fin 17ième
et 18ème siècles et au 19ème siècle. Il est inscrit
à l’inventaire des monuments de France. Il fait l’objet, actuellement, d’une
rénovation menée par l’association Adichats. Léo Drouyn a dessiné le château en
corrigeant certains détails qui ne lui convenaient pas.
Le château est bâti sur un plan
rectangulaire de 46 m
x 56 m
avec des tours aux angles (circulaires pour trois d’entre elles et une
octogonale). Cette dernière servait de pigeonnier. Elles mesurent 20 m de haut sur 3 étages et
ont un diamètre de 7.50 m
sauf la tour octogonale 3.50 m . Sur les tours,
présences d’archères à croix pâtée utilisées pour les tirs à l’arbalète. Au
milieu de la croix apparaît un orifice circulaire (modifications survenues ultérieurement)
appelé bouche à feu qui permettait le tir des armes à feux. Ces tours dominaient
les courtines et le vaste logis
protégé par de hautes et épaisses murailles 1.1 m à leur base.
Courtine : Dans l’architecture militaire médiévale c’est le mur
reliant deux tours.
Le logis adossé contre les
murailles délimitait une cour intérieure de 40 m x 50 m . Des latrines
apparaissent sur les murs arrières et intérieurs. La chapelle se trouvait à
droite de l’entrée accessible de la cour. La prison occupait la tour nord et
avait vue sur les fossés. Il y avait aussi un puits dans la cour intérieure. Il
n’y avait pas d’oubliettes (invention qui a la réputation tenace) mais des
pièces enterrées servant à la conservation des denrées alimentaires ou bien des
pièces de stockage des poudres et autres armes de défense.
L’entrée se faisait sous une tour
porte de grandes dimensions, de forme carrée dotée d’une herse et précédée
autrefois d’un pont levis enjambant des fossés. Ces derniers avaient une
vingtaine de mètres de large sur une dizaine de mètres de profondeur et étaient
remplis d’eau en provenance de la source de Budos. La tour était crénelée et
surmontée d’un chemin de ronde qui reliait les autres tours.
La porte d’entrée précédant la
terrasse, située à une quarantaine de mètres des fossés était surmontée d’une
petite tour carrée nantie d’un beffroi
abritant autrefois une cloche.
Beffroi : Tour clocher
utilisée autrefois pour surveiller l’horizon et sonner l’alarme. (architecture)
C’est aussi une tour
mobile en bois servant à l’attaque des places fortes.
Le verger occupait le versant
nord du château, le parc était à l’ouest et la terrasse à l’est.
En chemin nous avons croisé la Chinoise : Petit édifice
appareillé en pierre qui tire son nom de la forme de sa toiture qui n’est pas
sans rappeler un chapeau chinois. Ce serait une des rares anciennes glacières
du 17ème siècle dont l’extérieur serait encore en état. Elle avait
un puisard à disposition. Au cours du temps, son intérieur a été modifié pour
répondre à des usages différents.
Les sources de Budos : Etaient de tous temps connues et ont
constitué longtemps une curiosité naturelle. Elles ont disparu pour laisser
place à une usine de traitement de l’eau. Toutefois, nous disposons d’une
description des lieux trouvés en 1884 au moment de la constitution du dossier
d’expropriation demandée par la ville de Bordeaux au détriment de Pierre
Dessans meunier propriétaire des sources et du moulin. Les Budossais
disposaient alors d’un puisage à volonté pour leurs besoins personnels. Un
moment contesté, cet avantage leur fut rendu définitivement.
Il y avait là une prairie au milieu de
laquelle se trouvait une profonde excavation taillée dans le rocher dominant un
vaste bassin de forme circulaire ouvert en direction de l’est. De la paroi
rocheuse jaillissaient (13) sources aux débits inégaux. Cet ensemble alimentait
un canal d’amenée des eaux de sources au moulin de Fontbanne (fontaine banale).
Il daterait du Moyen Age et devait être contemporain du château de Budos.
C’était sans compter les besoins
exponentiels en eau douce de la ville de Bordeaux pour faire face à son développement
urbain.
Jusqu’au 19ème siècle
la ville de Bordeaux avait puisé son eau douce dans ses propres puits et ses
fontaines. Au milieu du 19ème siècle les besoins en eau dépassèrent
ses capacités d’approvisionnements traditionnels. Il fallait se procurer
d’autres ressources en eaux potables en dehors des limites de la ville. Ce fut
le cas avec les sources du Taillan qui s’avérèrent insuffisantes. On imagina entre
autres solutions de creuser un puits artésien très profond, de pomper l’eau de
la Garonne et de la filtrer. Toutes les solutions étudiées furent rejetées. On
pensa alors aux eaux de Budos qui avaient les avantages d’être d’une qualité
remarquable, d’un débit régulier en toutes saisons et de quantité suffisante
pour répondre aux besoins de la consommation en eau de Bordeaux. L’éloignement
de la source (41 km )
constituait un inconvénient majeur au même titre que de pouvoir disposer du
titre de propriété de ces eaux appartenant à Pierre Dessans meunier
propriétaire des lieux.
La ville expropria par jugement
devant le tribunal de Bordeaux ce dernier et commanda la réalisation d’un
aqueduc souterrain en moellons maçonnés. Il fut étudié par l’ingénieur de la
ville de Bordeaux Marcel Wolff en 1872. Il fut construit entièrement à la main,
par des maçons portugais, sans engin mécanique de 1884 à 1887. Il est de forme
ovoïde et a une pente de 6.7
cm par kilomètre. Il franchit huit cours d’eau au moyen
de siphon pour un coût total de 5 millions. Il fut inauguré par le maire de
Bordeaux Alfred Daney en 1887.
En lieu et place du bassin
rocheux initial où jaillit la source de Budos, il fut construit une
« cathédrale d’eau », autrement dit un vaste réservoir doté de cinq
nefs sur voutains, de plan carré. Il est dissimulé sous une dalle couverte
d’une prairie artificielle entouré d’un mur au cœur d’une usine dont la
réalisation initiale a mutilé le site. La source de Budos est captée
naturellement, filtrée sur un lit de charbon et expédiée à une température
constante de 18° dans l’aqueduc.
A l’aval cette eau est collectée
et traitée à la station du Béquet située à Villenave d’Ornon avant d’être
distribuée dans les villes de Bordeaux, Talence, Floirac et Cenon.
Les eaux que nous consommons auront
subi pour la plus part une simple aération, si nécessaire une déferrisation et
une chloration. Avant de mélanger les eaux de Budos avec celles des captages de
grandes profondeurs, elles subiront une floculation au sulfate d’aluminium.
Chaque eau potable mise à disposition des consommateurs fera l’objet d’une
enquête bactériologique, la présence de nitrate sera recherchée idem pour les
pesticides, sa dureté (teneur en calcium et magnésium) sera établie, le niveau
de fluor (oligo-élément présent naturellement dans l’eau ne devra pas dépasser
un seuil admissible. Le plomb n’est pas présent à l’état naturel dans l’eau
mais dans les canalisations anciennes d’adduction en eau potable. Actuellement,
est en cours, une importante campagne de remplacement des canalisations en
plomb sur la totalité du territoire communautaire. La désinfection de l’eau
peut engendrer momentanément des variations de son goût et de son odeur. Sur
vos factures un numéro est à votre disposition pour y découvrir les gestes
simples de consommation qui devraient atténuer ces inconvénients.
Moulin du Battant : On y battait les draps avec des maillets.
Ce moulin ferme le site initial des eaux de source de Budos. Il a échappé à la
destruction. Le bief qui alimente l’ouvrage a ses berges entièrement rénovées
donnant à ce lieu une sérénité, une quiétude que ne manquèrent pas de relever
un grand nombre de marcheurs du jour.
Le traditionnel pique-nique se
fit au Pont de la Madeleine qui enjambe le Ciron. Nous y avons apprécié
l’apéritif offert par la mairie de Budos, servi par son dynamique Maire.
Intervention de Philippe Roudié concernant le vignoble du Sauternes :
Il convient nous dit il, en
préambule, de présenter le Ciron à l’origine des brouillards qui vont générer
la présence de la fameuse « pourriture noble »:
Le Ciron (Ciroun au Moyen Age car il se jetait plus au nord à Cérons) est un affluent de la Garonne qui
prend sa source dans les Landes de Gascogne près du château de Peyrebère à
Lubbon pour se jeter dans la Garonne à Barsac en amont de Langon après avoir
parcouru 97 km .
Autrefois, il avait un rôle
économique très important. Il était sollicité par les moulins, les forges, les
papeteries en plus de l’irrigation locale des céréales. Il supportait le
flottage et le transport de différentes denrées de l’amont vers l’aval. Il fut
un axe de communication très important pour les économies locales. Ses berges
sont aujourd’hui des réserves floristiques (présence notamment d’une forêt
relique, la hêtraie relique et son cortège de champignons et de végétaux
exceptionnels à ces latitudes) et aussi des réserves faunistiques sensibles (y sont
observées les nidifications entre autres d’oiseaux remarquables : le-gros-bec-casse-noyaux,
la mésange nonnette, le pouillot siffleur). Actuellement, la pratique du canoë,
le tourisme vert lui permettent d’être entretenu. Jusqu’à quand ? A noter
la présence de micros centrales électriques fonctionnant pour le compte de
l’EDF.
Pour faire court, il conviendra
de savoir que l’humidité apportée par les eaux fraîches du Ciron favorise l’apparition de brumes
matinales notamment à l’automne propices au développement du Botrytis
cinerea champignon qui amène de la pourriture (appelée depuis la
pourriture noble) sur la vigne proche. C’est aux bienfaits de ce champignon que
les vignobles du Sauternes et de Barsac doivent leur qualité et leur
réputation. L’appellation Sauternes A.O.C couvre les cinq communes
suivantes : Barsac, Bommes, Fargues, Preignac et Sauternes sur un terroir
de 2200 hectares .
Les légendes :
En 1847, le marquis de
Lur-Saluces parti chasser le loup en Sibérie arriva tardivement pour superviser ses vendanges trouvant
son raisin à l’aspect pourri. Il rentra néanmoins sa récolte et découvrit bientôt
les bienfaits de la « pourriture noble ».
En 1836, le négociant bordelais
Focke d’origine allemande aurait attendu la fin des longues pluies automnales
pour faire ses vendanges. Le soleil revenu les grappes se desséchèrent, la
pourriture se développa et la récolte fut une réussite.
Sans nier ces anecdotes les
historiens constatent à la fin du XVIème siècle que les marchands Hollandais
poussent à la fabrication de vins blancs sucrés pour leurs clients nordiques. Ils
ajoutent au vin du sucre, de l’alcool, des sirops et des plantes macérées. Au
XVIIème siècle, présents dans le vignoble de Barsac, ces même Hollandais visent
une production de vins blancs doux sucrés sans que la pourriture noble
n’intervienne de façon radicale.
A cette époque des textes font
allusion à des vendanges qui appliqueraient des techniques qui rappellent ce
qui se fera ultérieurement dans le sauternais. Problème : ces vendanges se
situeraient du côté de Loupiac et Ste Croix du Mont.
Les grandes familles
propriétaires des châteaux les plus prestigieux dans le sauternais au XIXème
siècle orientent progressivement l’élaboration de leurs récoltes après des
vendanges faites sur des raisins sur mûris.
Actuellement les vendanges
peuvent se faire au grain de raisin et se terminent dans certains cas en
décembre. Les vendanges s’effectuent par « tries » c'est-à-dire en
plusieurs fois lorsque les grains sont suffisamment « rôtis » .
Cépages : C’est avant tout, le cépage sémillion typique de la
région qu’on retrouve très peu ailleurs. Il serait à l’origine de la finesse
aromatique du vin et entre pour 70% dans la composition de la vigne. Le
sauvignon entre pour 20% maxi de l’encépagement du vignoble et donne un peu
d’acidité. La muscadelle enfin capte la pourriture noble et donne ce jus doux
un brin musqué et muscaté.
Le terroir : Deux terroirs géologiques distincts composent
l’appellation Sauternes.
-Rive droite du Ciron, couvrant
les communes de Preignac, Fargues, Bommes et Sauternes.
Nous constatons un étagement de
terrasses de calcaire à huîtres, de marnes ou de sable argileux tous datant de
l’époque tertiaire. Les sauternes occupent une partie des points hauts.
Les sols, bien drainés par le
Ciron, sont de teintes blanche. Ils captent le rayonnement solaire la journée
pour restituer, la nuit, la chaleur stockée limitant ainsi les risques de gel. Les
racines des ceps vont parfois jusqu’à 10 m de profond pour puiser l’eau et les sels
minéraux dont elles ont besoin échappant à la sécheresse autant qu’aux excès de
pluie.
-A Barsac sur la rive gauche du
Ciron, c’est à une autre composition des sols toute aussi favorable à la vigne
que nous avons à faire. Les Barsac sont proches du Ciron dans les parties
basses. Ce sont des sols minces d’épaisseur 40 à 50 cm que traversent aisément
les racines des ceps de vigne pour coloniser les sols calcaires à astéries
fissurés et perméables ce qui justifie l’A.O.C Barsac. Ce sont des sols rouges
typiques de ce terroir qu’accompagnent des sables grossiers faiblement argileux
et des galets.
Le climat : Le sauternais bénéficie d’une douceur particulière
qui se traduit par des hivers mouillés mais cléments, des printemps humides et
tièdes mais avec des gelées tardives, des étés modérément chauds qui assurent
une maturité progressive évitant aux vins blancs les excès de sucre et les
déficits d’acidité. Malheureusement, ces saisons sont l’occasion de violents
orages de grêle qui peuvent détruire complètement la récolte d’une année.
Reste l’automne et son micro climat
qui fait ou défait les millésimes. C’est la saison à partir de septembre des
brouillards matinaux qui montent de la Garonne et du Ciron. Ils sont bloqués
par la forée landaise et stagnent sur le sauternais favorisant le développement
de la « pourriture noble ». Lorsqu’en fin de matinée le soleil
dissipe ces brumes le Botritis cinerea a eu le temps d’agir en favorisant l’évaporation
de l’eau des baies et une extraordinaire concentration du moût.
Moût : vin blanc doux qui n’a pas encore fermenté.
La vinification : Le champignon Botritis cinerea est capable
de réduire une récolte de 40 hl /hectare à 18 hl. La densité de plantation
est comprise entre 6500 et 7500
pieds à l’hectare. On taille court en respectant une
règle ancienne 1 à 3 verres de Sauternes par cep de vigne. Les cépages sont
vinifiés séparément en vue des futurs assemblages. On favorisera un élevage
long en fût de chêne (18 à 20 mois) afin que ce dernier apporte au vin sa
charge tanique et ses substances odorantes qui vont de la vanille à la
réglisse, du clou de girofle à l’œillet.
Le château Filhot à Sauternes : Est un domaine viticole (52 ha ) et d’agréments (290ha)
situé sur la commune de Sauternes. Il porte le nom de Romain de Filhot
(1641-1710) membre du Parlement de Bordeaux et créateur de l’appellation
Sauternes en lieu et place de vins de Langon. Après le mariage de Marie-Joséphine
de Filhot et d’Antoine de Lur-Saluces (cette famille possédait une grande
partie des grands châteaux du Sauternais) en 1807, nous assistons à un
regroupement progressif des principaux fleurons du sauternais. Ce château sera
reconstruit (détruit en partie au 18ème siècle) sur le model du
« Petit Trianon » et agrémenté d’un parc en 1845. Il obtient le rang
de second grand cru au classement officiel des vins de Bordeaux de 1855. Léo
Drouyn a laissé un dessin de ce château comme celui d’Yquem. Ce château possède
une cour d’honneur très vaste destinée à accueillir des festivités mondaines.
Le château Lamothe
Despujols : C’est un domaine viticole de 7,5 ha, situé sur la commune de
Sauternes, classé deuxième grand cru au classement officiel de vins de Bordeaux
de 1885. Il fut bâti au XVIème siècle à proximité d’un fortin mérovingien érigé par les habitants du lieu
pour se prémunir des invasions fréquentes au début et au cours du Moyen Age. Au
cours de la Guerre de Cent ans l’ouvrage servit de puissante « redoute » à l’instar des
« oppidum »
Redoute : Petit ouvrage de fortification isolé. (Terme militaire)
Oppidum : Fortification romaine située en un lieu élevé. (Terme
militaire romain)
Les seigneurs de Fargues et de Budos en furent
les propriétaires. Il servit de refuge au cours du conflit avec les Anglais.
Cet ouvrage défensif (traditionnel au Moyen Age) se présente sous la forme d’un
vaste rectangle fermé avec des tours aux angles formé ici de digues massives de
pierres disposées en remparts liées entre elles par un ciment ferrugineux. Une
épaisse couche de « terre forte » composée de marne, alios et argiles
mêlées recouvre le bâti pierreux. Cette construction a une hauteur de 10 m et de grande épaisseur de
mur. Des arbres, aux angles participaient à la consolidation de l’édifice. Ce fortin (petit fort) érigé sur la crête
d’un coteau très élevé devait représenter jadis un point stratégique très
important pour les autochtones si l’on en juge le lieu accidenté (dominant la
vallée du Ciron et la Garonne) et la solidité de la construction encore
observable de nos jours.
Au cours de la ballade nous avons
eu le loisir d’observer un colombier seigneurial (circulaire) dont les
dimensions architecturales ne respectaient pas le code de construction
traditionnel de ce type d’élévation au XVIIème siècle. Il possédait deux
larmiers avec une hauteur sans rapport avec la largeur habituellement observée
sur d’autres ouvrages similaires. Les propriétaires ont-ils voulu augmenter la
capacité d’accueil des volatiles ? Ce droit de fuie est un marqueur fiscal
et social. Signalons d’autres marqueurs : la présence à l’époque d’une
girouette sur un toit, les armes d’une famille sur un carrosse, le droit de
banc dans une église.
Cette journée dense en
découvertes s’est déroulée dans la bonne humeur, sous le soleil avec des
intervenants passionnants. Que ceux qui ont contribué de près ou de loin à la
réussite de cette journée en soit remerciés chaleureusement.
Le remarquable récital de musique
classique offert par le violoniste Giorgio Bocci en duo dans l’église de Budos
a mis un point d’orgue à cette magnifique journée.
A bientôt sur les routes et les
chemins de la Fête à Léo.
SOURCES :
Les intervenants, les communes de
Sauternes et de Barsac, l’association Adichats, les sites officiels des
châteaux visités, le site de l’histoire du vignoble de Sauternes.
Darquest Dominique