En 1849, quelque peu lassé par l’archéologie et le cuivre, il écrit à son ami Jules de Verneilh: « je me jette furieusement dans le pittoresque peint et dessiné » et il fera bientôt partie des créateurs de la Société des Amis des Arts de Bordeaux. Régulièrement il présenta des œuvres à divers salons, peintures, dessins, gravures, obtenant récompenses et critiques flatteuses. En artiste, il pratique également la gravure originale de paysage, dont il puise les motifs dans ses albums de dessins.
Le « pittoresque », dont la première définition a été donnée à la fin du XVIIIe siècle par l’anglais William Gilpin, est une notion majeure du paysage romantique. Il s’agit de donner à voir au public des paysages et points de vue (landscape) nouveaux qui, par leur originalité, leur aspect grandiose ou curieux, inquiétant ou inattendu, provoquent surprise ou émerveillement.
Leo Drouyn s’inscrit pour partie dans cette tradition picturale, mais est influencé également par le naturalisme des artistes de Barbizon, qu’il connaît bien, Théodore Rousseau, Narcisse Diaz ou Charles Jacque, ces paysagistes français qui, entre 1830 et 1860, fréquentèrent la forêt de Fontainebleau pour peindre en plein air, sur le sujet. Les paysages de Corot sont également une référence pour le jeune artiste paysagiste.
4a - Cour d'auberge à Barbizon
En marge d’une campagne girondine trop ordonnée à son goût autour de ses champs et de ses vignes, Drouyn a découvert, à partir de 1849, un milieu étrange et surprenant, la « Tahiti bordelaise », le bassin d’Arcachon et les mythiques arbres de la forêt usagère de La Teste, avec, derrière, ce désert humide qu’est la grande lande, des lagunes désolées dont les oasis s’appellent pignadas et airiaux.
4b - Les Grandes Landes
Le Bassin d’Arcachon, la forêt usagère de La Teste, les lagunes des landes girondines, les étendues marécageuses et désolées des grandes landes furent pour lui des thèmes d’inspiration constants. Il en pressent la progressive disparition et en donne une vision romantique et nostalgique, ne retenant souvent que les éléments essentiels d’un paysage dont l’étrangeté et le pittoresque le frappent : immensité des horizons où les lagunes et le ciel se confondent, silhouettes de pins à contre-jour, chênes tauzins au sein d’une clairière ou d’un airial…
4c - Barque à résine
Ce motif du Bassin et des landes, avec ses pêcheurs, ses résiniers ou ses bergers, va être d’ailleurs le motif majeur des eaux-fortes ou des gravures qu’il va donner au Magasin pittoresque, à L’Artiste ou à l’Alliance des Arts, revues ou libraires parisiens qui éditent des gravures « pittoresques » pour une clientèle avide d’exotisme.
4d - Habitation dans les Landes
Mais, au-delà, comme pour Théodore Rousseau, c’est l’arbre qui est au cœur de son projet artistique. Qu’il le dessine isolé ou en masse, têtard, de haute tige ou déployant son architecture végétale, au bord d’un chemin, d’un vallon ou d’un ruisseau, Drouyn montre une science des essences et une virtuosité dans le feuillé remarquables.
4e - Arbres dans un paysage
4f - Arbres à Izon
« Je cherche des arbres » dit-il à l’un de ses vieux amis : jusqu’au soir de sa vie il fait ses gammes, ne cessant jamais de dessiner des arbres, ses amis les plus fidèles.
Bernard Larrieu
4b - Les Grandes landes, eau-forte de Leo Drouyn, 1857 (Coll. part.)
4c - Barque à résine dans la Forêt usagère, près du Bassin d'Arcachon, dessin au crayon rehausse de couleur, 1851 (Coll. part.)
4d - Habitation dans les Landes, eau-forte présentée par la Société des Aquafortistes, 1864 (Coll. part.)
4e - Paysage des landes, peinture à l’huile sur panneau de bois (Coll. part.)
4f - Dessin d’arbres à Izon (Coll. part.)
