Le catalogue des 1550 oeuvres gravées de Leo Drouyn s’ouvre avec une lithographie – la croix de cimetière de Saint-Sulpice d’Izon. Cette technique est alors portée par le succès des Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France de Taylor et Nodier. La Guienne monumentale présentera en 1842 les premières estampes de Drouyn, des lithographies à la plume de monuments.
En 1851, il publie des lithographies à deux teintes sur le Bassin d’Arcachon, mais il abandonne cette technique pour l’eau-forte – et le vernis mou – appris à Paris chez Louis Marvy.
5a - Bains
L’eau-forte est, par sa précision chirurgicale, parfaitement adaptée à ses travaux archéologiques. Mais ill l’utilise aussi pour des vues « pittoresques » publiées à Paris par L’Artiste, Alliance des Arts ou la Gazette des Beaux-Arts.
5b - Lacanau
Il donne après 1860 Le lac de La Canau et Une habitation dans les Landes, puis présente de grandes eaux fortes au Salon de Paris, où il obtient en 1867, avec Bordeaux au soleil couchant et une vue de Saint-Michel, la médaille d’or de la gravure. C’est là l’apogée de sa carrière d’aquafortiste.
5c - Bordeaux au soleil couchant
Les illustrations dans le texte de ses ouvrages sont, comme il est habituel, gravées sur bois. En 1863, il opte pour un procédé physico-chimique plus fidèle à son dessin, la morsure sur zinc, inventé à Bordeaux par le chimiste Merget et le typographe Gagnebin, dont il se fait le propagandiste.
En 1895, c’est par une nouvelle technique, l’héliogravure, que sont montrées au public ses dernières œuvres : des restitutions – chose nouvelle aussi - du « Bordeaux de jadis », dessinées par lui à la plume, puis réduites par un procédé photographique et imprimées comme des eaux-fortes.
5d - Remparts de Bordeaux
Traversant le siècle, son œuvre gravée aux multiples facettes a donc épousé toutes les évolutions techniques d’une époque qui, de l’estampe à la photogravure, connut de gigantesques mutations dans l’art de l’impression et de la représentation. Au travers de l’œuvre protéiforme de Leo Drouyn, c’est à un voyage dans l’univers de l’image et ses procédés de reproduction du XIXe siècle que l’on est convié.
Au-delà, c’est dans le dessin au crayon et à la plume qu’il est véritablement un maître, que ce soit dans les dessins de monuments ou dans le dessin d’arbres. Cette œuvre intime, que l’on trouve dans ses albums, montre une virtuosité exceptionnelle. Leo Drouyn a également pratiqué avec beaucoup de talent le fusain, qui lui permet de transcrire des impressions et des atmosphères sensibles à son âme d’artiste. Egalement une technique qui lui est propre, le « suif gratté ».
5e - Fusain
5f - Suif (détail)
Son œuvre peinte, entre 1844 et 1875, montre ce double attachement aux monuments et aux paysages arborés de la campagne girondine ou de la lande d’avant les grands boisements du Second Empire. Longtemps méconnue, elle est peu à peu redécouverte.
Bernard Larrieu
5g - Huile
5b - Lac de Lacanau, eau-forte de Leo Drouyn pour la Société des Aquafortistes, 1862 (Coll. part.)
5c - Bordeaux au soleil couchant, eau-forte ayant obtenu la médaille de la gravure au Salon de Paris en 1867 (Coll. part.)
5d - Héliogravure réalisée à partir d’un dessin à la plume de Drouyn (années 1890) (Arch. Bordeaux Métropole)
5e - Paysage au fusain (Coll. part.)
5f - Paysage au suif gratté (détail) (Coll. part.)
5g - Destruction du cloître de la cathédrale de Bordeaux en 1865, peinture (Musée d'Aquitaine)
