1 - Les années de formation



Né à Izon le 12 juillet 1816, dans une famille noble d’origine lorraine, orphelin de père à huit ans, Leo Drouyn sera arraché à une enfance insouciante dans les palus de la Dordogne pour le lycée de Nancy. De retour en Gironde à 18 ans, baccalauréat en poche, il refuse d’entrer dans le monde du négoce auquel sa mère le destine, et s’installe à Bordeaux où il étudie les beaux-arts dans l’atelier de Jean-Paul Alaux, peintre d’inspiration plutôt romantique.


Maison natale de Leo Drouyn à Izon, en bord de Dordogne, crayon fixé avec rehaut de couleur, 1851
1a - Maison natale


A 23 ans, marié à Maria Montalier, père d’un petit garçon, Léon, il part à Paris se perfectionner dans divers ateliers, notamment celui de Jules Coignet, artiste paysagiste de formation néo-classique qui va peindre en plein air avec ses élèves. Il rencontre là les peintres de la génération de 1830 qui travaillent le paysage d’après nature dans la forêt de Fontainebleau. Théodore Rousseau et Narcisse Diaz de la Peña vont particulièrement l’inspirer dans la représentation de la nature et des arbres.
Il restera toute sa vie fidèle à l’esprit de « l’Ecole moderne du paysage français » que l’on appela plus tard « Ecole de Barbizon ».
Dans son dernier atelier parisien, chez Louis Marvy, artiste proche de Charles Jacque et des artistes paysagistes de la forêt de Fontainebleau, il apprend la technique reine de l’eau-forte et celle, plus rare, du vernis mou.


Autoportait de Leo Drouyn à 22 ans, peinture huile, détail, Musée des Beaux-Arts de Bordeaux
1b - Autoportrait


Revenu à Bordeaux, Leo Drouyn commence à dessiner pour la Commission des monuments historiques de la Gironde, créée à Bordeaux en 1839. Cette Commission a pour mission de répertorier les monuments « dignes d’intérêt », de les étudier et  les décrire. Le but est d’établir une « statistique monumentale » départementale, avec, en 1841, la publication d’un premier « Classement ». De 1842 à 1849, Leo Drouyn va dessiner pour cette Commission à laquelle il est officiellement agrégé en janvier 1845. Il apprend sur le terrain les règles du dessin archéologique, représentations ne souffrant « ni à peu près, ni imperfections ». L’Album de la Commission recèle une soixantaine de dessins – crayons, plumes, lavis – de Drouyn qui a illustré aussi les Comptes-rendus de la Commission avec une cinquantaine de gravures sur bois réalisés à partir de ses croquis. C’est en dessinant l’église de Loupiac que Drouyn se prend de passion pour l’architecture médiévale.


Eglise de Loupiac, lithographie à la plume de Leo Drouyn pour La Guyenne monumentale, 1842
1c - Eglise de Loupiac


En 1844, Leo Drouyn adhère à la Société française d’archéologie créée par l’érudit Arcisse de Caumont qui organise des Congrès archéologiques annuels et publie le Bulletin monumental, revue chargée de diffuser les connaissances et les principes archéologiques. Il va beaucoup apprendre de ces lectures et de la rencontre avec Charles des Moulins, Alexis de Gourgues ou Félix de Verneilh, tous membres de la S.F.A., avec qui il fait le projet d’un « Périgord pittoresque et monumental ».
En 1846, Drouyn est nommé Inspecteur départemental de cette société et il met son talent de graveur au service de ses amis, comme l’illustration d’un opuscule sur Bazas et ses monuments écrit par Charles des Moulins. Au Bulletin monumental et à d’autres revues, il donne de nombreuses études pionnières, sur les églises romanes de la Gironde ou autres monuments qu’il a découverts, comme dans les « Ricochets archéologiques dans le département de la Gironde », publiés dans le Bulletin en 1858.

Bernard Larrieu













1a - Maison natale de Leo Drouyn à Izon, en bord de Dordogne, crayon fixé avec rehaut de couleur, 1851 (Coll. part.)
1b - Autoportait de Leo Drouyn à 22 ans, peinture huile, détail (Musée des Beaux-Arts de Bordeaux)
1c - Eglise de Loupiac, lithographie à la plume pour La Guyenne monumentale, 1842 (Coll. part.)