lundi 8 août 2011

Sortie à La Teste-de-Buch 2 juillet 2011

[WWW]Blog d'Anne-Marie Lamaignère
Le lac de Cazaux et la forêt usagère de La Teste
110 marcheurs s’étaient donné rendez-vous à la cabane de la Gemayre sur les rives du lac de Cazaux pour partager le café de bienvenue, avant de pénétrer plus au cœur de la forêt usagère de La Teste-de-Buch.
La balade était organisée par L’ADDU-FU (Association de Défense des Droits d’Usage de la Forêt Usagère) en partenariat avec l’Association de Sauvegarde du Patrimoine Cazalin, la Municipalité de La Teste-de-Buch et les Amis de Léo Drouyn. La visite fut
guidée et commentée par Claude Lafond, André Gousset, Virgile Lauga et Denis Blanchard-Dignac. 

Un très beau temps nous accompagna toute la journée, lui donnant un air de vacances, suggéré par la vue paradisiaque sur le lac de Cazaux. 


La journée débuta par une présentation des lacs de Cazaux et Sanguinet, situés entre la Gironde et les Landes. Le lac de Cazaux, deuxième lac de France par sa superficie après celui du Bourget, avec ses 11km x 10km et sa profondeur de 24.00m, attire les activités touristiques et sportives. La clarté de ses eaux, ses plages multiples de sable doré, accessibles en bateau et à pied, sa forêt omniprésente, ancienne, au statut presque unique en France font de ce lac un site touristique très prisé. Léo Drouyn a adoré la forêt testerine au point d’en faire des centaines de dessins. Plusieurs sites datant de l’Age du fer ont été retrouvés et identifiés. Trois villages antiques sont immergés. Celui de Losa s’était établi sur les bords du ruisseau la Gourgue avant de disparaître sous les eaux, faisant naître des légendes tenaces, dont l’une est peut-être crédible : la légende d’une cloche d’église qui sonnait par moment alors qu’elle était immergée. Les chercheurs auraient retrouvé le village, l’église, le clocher et sa cloche.


Ce lac s’est constitué à partir des nombreux «va et vient» de l’océan débordant dans les terres ou se retirant sur lui-même selon les époques préhistoriques. Il entraînait avec lui les sédiments captés au cours de ses séjours dans les Pyrénées, en Auvergne, en Périgord, dans les Landes et les déposait sur différents sites traversés au cours de ses replis. Nous retrouvons la présence de ces sédiments dans nos lacs côtiers.
Le lac de Cazaux, à l’instar des autres lacs littoraux de la côte aquitaine, est né avec les dunes de sable formées (entre autres causes) par les vents puissants d’ouest. Elles ont fait ainsi obstacle à l’écoulement des eaux au cours des replis de l’océan. Les rivières côtières ont vu leurs estuaires s’obstruer (dépôts de sédiments)°et leurs seuils d’écoulement se surélever. Ces phénomènes ont provoqué des barrages naturels d’accumulation d’eaux douces, créant ainsi nos lacs côtiers.

Avec ces lacs, nous héritons, de sites merveilleux, fruits du long travail, méticuleux et inlassable de la nature. Sachons en assurer la pérennité tout en en usant modérément. Respectons ce patrimoine commun que nous empruntons aux générations à venir.

Au cours de notre promenade en forêt testerine, nous avons cheminé sur la passerelle de la halte nautique admirant au passage quelques beaux voiliers au mouillant.
Nous avons emprunté, aussi, la passerelle botanique voulue par la Sépanso*. Sur cette construction de bois, nous avons évolué au cœur d’un sanctuaire végétal, où nous eûmes l’occasion d’observer des chênes pédonculés, des aulnes glutineux, des fougères aigles (la forme de ses branches rappellerait les ailes d’un aigle), l’osmonde royale dont l’origine remonterait à une époque antérieure à celle des dinosaures, des salicaires, des robiniers ou faux acacias, des saules, troènes, prunelliers, arbousiers aubépiniers, poiriers sauvages, houx, églantiers, bouleaux, joncs, laîches, et des animaux que nous ne pûmes voir à cette heure avancée de la matinée: pics, mésanges, sitelles, huppes, chouettes, genettes, martres, chauves-souris, nombreux poissons peuplant ces eaux accueillantes.

La forêt usagère de La Teste est actuellement le seul exemple européen de massif forestier régi par des textes du XVème siècle : les «Baillettes». Cette forêt est inscrite à l’inventaire en 1978 et inscrite eu au titre des sites classés en 1994, puis en site Natura 2000 et 2006. Elle est peuplée de pins maritimes, de pins bouteilles (trop exploités pour le gemmage) avec un sous étage feuillu. Très riche en flore et faune, elle abrite un écosystème précieux mais fragile. Elle s’étend sur 3990 hectares. La «grande mountagne» dite aujourd’hui forêt usagère de La Teste de Buch, ne doit pas être confondue avec les forêts de pins maritimes semés et plantés au 19ème siècle pour assécher et mettre en valeur le Médoc et les Landes. Ce massif forestier existe et sert les habitants de ce pays au plus loin que remonte la mémoire des hommes. Les gemmeurs y prélevaient la résine depuis plus de 2000 ans. Les habitants résidants depuis plus de 10 ans sur les communes de Gujan-Mestras, La Teste, Cazaux, Le Pyla et le Cap Ferret avaient le droit de prélever le bois mort pour le chauffage et du bois vert pour les constructions et les bateaux.
Ce statut fut officialisé au XVème siècle, lorsqu’après moult suppliques, les paroissiens de La Teste, Cazaux, Gujan-Mestras, obtinrent du Captal de Buch de l’époque (Jean de Foix-Grailly) le droit à l’usage de la forêt et notamment de récolter la résine. C’est le sens de la Baillette de 1468 qui officialisera ces droits. Les habitants seront répartis en deux catégories :
Les «ayants-pins», propriétaires des parcelles autorisés à extraire la gemme et les «non ayants-pins» pouvant seulement ramasser le bois mort et le bois vert. Le statut de ce massif forestier fut menacé à plusieurs reprises par Gaston de Foix (Captal de Buch), le duc d’Epernon également Captal de Buch, C’est au XVIIIème siècle que le Captal Amadieu de Ruat cède la propriété aux ayants-pins. Plus tard, ces titres de propriété privée des parcelles seront confirmés juridiquement.

Pour info, ci-après une partie du texte concernant l’accord donné par le futur Edouard II, prince d’Aquitaine et de Galles qui cédait aux Biscarrossais des droits équivalents à ceux consentis aux Testerins :
«paduenter leur bestial gros et menu, de faire cabane et faire ardoise, de faire gomme et résine, de semer bled, de plants de vigne…».
Formulons le voeu, que les querelles ancestrales qui durent encore, cessent enfin et que tous les esprits aient la volonté de pérenniser ce patrimoine commun (gestion fine et prospective) afin de le transmettre aux générations suivantes dans un état respectueux de sa bio diversité.


Il était prévu, au cours de cette sortie, d’évoquer brièvement le gemmage. Nous étions sur le site de la cabane d’Arnaud, propriété de la commune de La Teste, qui a dédié ce lieu à la mémoire des résiniers. Cette activité ancestrale est abandonnée depuis quelques décennies faute de rentabilité. Une grande partie de la vie interne à cette forêt a disparu à tout jamais. Les intervenants du jour ont négligé ce thème, occupés à expliquer l’actualité des derniers évènements judiciaires concernant l’usage de cette forêt. Vous trouverez un mini dossier concernant le gemmage dans la rubrique :

«NOS BONS SOUVENIRS 2009» – Thèmes de nos sorties 2009.
Ensuite, nous avons pris la direction du lieu-dit Peyroutas, où nous attendait Denis Blanchard Dignac, défenseur passionné de la forêt usagère. Il a mis sa cabane à notre disposition pour notre traditionnel pique-nique. La «Bécassière» surplombe le lac de Cazaux, offrant aux résidants du lieu un point de vue magnifique sur une petite plage de sable doré. Le nom de la cabane serait lié à la présence locale de bécasses.
Nous avons quitté à regret ce lieu bien sympathique pour nous rendre à la cabane de Curepipe. Sur notre trajet, nous avons pu admirer quelques beaux chênes centenaires, nous avons longé, toujours dans la forêt, des marais asséchés ou encore en activité avec leur végétation luxuriante, vers Curepipe. C’est le nom d’une ville de l’Ile Maurice, jumelée depuis 1960 avec La Teste. Cette cabane est située au-dessus du plan d’eau le «Gurc de Maubruc», au sud de Cazaux. Elle est appelée par erreur Peyroutas sur les cartes IGN. Notre intervenant expliquerait l’origine de Curepipe par un «boit sans soif» (ivrogne) habitué des lieux, curant sa pipe (barrique). Notre guide rappela le dévouement et l’énergie déployée par les chameaux et dromadaires utilisés pour fixer le sable des dunes expansionnistes. Ils moururent nombreux, d’épuisement et de maladies et sont enterrés non loin de là.
Le verre de l’amitié fut offert par la municipalité de La Teste à tous ceux qui purent patienter près de deux heures, car nous étions bien en avance sur l’horaire prévu pour notre retour à la cabane de la Gemayre ; c’est ainsi qu’on nommait la redevance due à Jean de Foix de Candale par les paroissiens de La Teste, Gujan et Cazaux voulant fabriquer de la gemme et de l’essence de térébenthine. L’ADDU-FU nous a également offert le pot de l’amitié et a invité ceux qui avaient pris soin de réserver leur repas, à partager un dîner à base de douceurs du bassin, avec vue imprenable sur la halte nautique et le lac de Cazaux.


*SEPANSO : Fédération régionale des Sociétés pour l’Etude, la Protection et l’Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest. Déclarée d’utilité publique, elle œuvre depuis 40 ans sur le terrain et suit notamment l’évolution des milieux naturels en Aquitaine. Elle étudie et surveille les risques et les conséquences des activités de l’homme sur la nature. Elle représente France Nature Environnement dans la région.


Sources :
Intervenants
Site : www.latestedebuch.fr


Dominique Darquest










La Teste-de-Buch
Le lac de Cazaux et la Forêt usagère de La Teste...
Découverte à pied du lac de Cazaux et de la Forêt usagère de La Teste-de-Buch

• Promenade à pied au coeur de la célèbre Forêt usagère de La Teste-de-Buch et sur les rives du lac de Cazaux. 

> Journée de découverte du milieu naturel et de ses activités traditionnelles autour du bois et de la résine, ainsi que de la particularité juridique de la forêt. En partenariat avec l’ADDU-FU (Association de Défense des Droits d’Usage de la Forêt Usagère), l'association de Sauvegarde du patrimoine Cazalin, la Municipalité de La Teste-de-Buch et les Amis de Léo Drouyn. Visite guidée et commentée par Claude Lafon, André Gousset, Virgile Lauga et Denis Blanchard-Dignac.
9h30 : Accueil à la Cabane de la Gemayre, au Lac de Cazaux.
(fléchage à partir de la route départementale D 804 E1 : tourner à gauche vers le sud au rond-point annonçant Cazaux ; puis tout droit au rond-point à l’entrée du bourg de Cazaux direction le Lac ; parking de la Gemayre
Cabane de la Gemayre : présentation du lac et de son histoire (Claude Lafon)
10h00 : Départ de la randonnée.
passerelle halte nautique;
passerelle botanique;
passage à Lauga ( indiqué Laouga)
Cabane d'Arnaud : synthèse histoire forêt usagère (André Gousset) et explication sur le gemmage ( Claude Lafon)
13h00 : Cabane La Bécassière, vue sur le lac.
Présentation de la Forêt usagère (Denis Blanchard-Dignac, Virgile Lauga)
Pique-nique tiré du sac à la cabane.
Cabane de Curepipe
Cabane d'Arnaud, rucher (Daniel Bidé)
Bord du Lac (Claude Lafon)
18h00 : Retour à la Gemayre.
Verre de l’amitié offert par la Municipalité de La Teste, Esplanade Jean Labat.

Proposition (recommandée !) de finir la soirée de manière conviviale avec un repas type huître-melon-grillades-fruits, avec ambiance musicale (10 euros, inscription préalable demandée pour bonne gestion des commandes)

Inscription au repas de fin de journée
(10 euros par personne, hors boissons).
ADDU-FU – Site www.addufu.org
auprès de Michel Barrière au 06 81 67 60 34
ou Virgile Lauga au 06 79 33 66 53

Manifestation gratuite (sauf repas final)
Informations
ADDU-FU et Service culturel
de la ville de La Teste-de-Buch
05 57 73 69 20 - 06 79 33 66 53
Courriel : culture@latestedebuch.fr
Site : www.latestedebuch.fr