mercredi 23 septembre 2009

Sortie dans la vallée de la Gamage 12 septembre 2009

[WWW]Photos de Pierre Bernard 
[WWW]Photos d'Anne-Marie Migayron
[WWW]Photos d'Yves Carlier
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pseudisodomum* et Bourru. Qui dit mieux ?
Bonne chambrée : 90 personnes . Temps : couvert le matin à chaud l’après midi. Intervenants de qualité. Sylvie Faravel – Philippe Roudié – Bernard Larrieu. Partenaires :
Mairie de Saint-Pey-de-Castets – l’Office de Tourisme de la CDC – l’association des parents d’élèves de St-Pey-de-Castets – l’association la Roue des Moulins – le Bureau d’accueil de Rauzan – les propriétaires de Gamage, Perrotin, du Courros – le château Cablanc – l’association les Amis de Léo.






Samedi 12 septembre, veille d’ouverture de la chasse, dernière journée dans l’Entre-deux-Mers prévue au programme de la Fête à Léo 2009. Le parc de stationnement de la mairie de St Pey de Castets est très vite saturé. 90 marcheurs ont investi les lieux. Mme le Maire souriante, accueille les visiteurs d’un jour en leur proposant le café de bienvenue. Nous sommes dans le canton de Pujols, pour y effectuer une balade à forts dénivelés, de coteaux en vallons autour de la Gamage. Journée émotion : Nous sommes sur des terres chères à Bernard Larrieu. Elles l’ont vu naître et ont bercé son enfance. Autant dire que nous aurons des informations de première main. Au programme de la marche guidée nous visiterons le domaine de Gamage, celui de Perrottin ( annulé au dernier moment ), les maisons fortes notamment celle de Villepreux ( rajoutée ), du Courros, le château Cablanc, et les églises de Sainte Florence et de Saint Vincent de Pertignas. La visite de Saint Pey-de-Castets sera reportée, faute de temps. Toutefois, une lecture du paysage sera faite à partir de cette dernière.

Domaine de Gamage : Maison noble, propriété viticole, du 18 ème siècle dont le nom est emprunté au ruisseau local. La bâtisse a été construite vers 1730 sur une ancienne demeure à la demande de monsieur de Villepreux, seigneur des lieux. De nos jours, la maison que nous observons n’est pas habitée. Elle doit être rénovée. Léo Drouyn l'a visité au cours de l’année 1860. En substance, il aurait dit d’elle : « le domaine fut beau… que la demeure a dû être belle ». Il aurait vu des peintures murales représentant des scènes d’inspiration mythologique. Elle devait être en mauvais état.

Maison forte de Villepreux : L’édifice porte le nom d’une famille d’immigrés normands qui sont devenus propriétaires de terres nobles. Le plan du bâti est simple, traditionnel, conforme à la plupart des maisons fortes de l’époque. Il se compose d’un cube, auquel sont ajoutées plusieurs tours angulaires, assurant la défense de l’ensemble. Dans le cas présent, à une tour- escalier actuellement découronnée s’ajoute une tour carrée avec son système de défense sur les deux côtés. Des fenêtres à meneaux permettaient l’éclairement de volumes peu divisés aussi bien à l’étage qu’au rez-de-chaussée. Les constructions de ce type, post guerre de 100 ans, devinrent inconfortables à vivre au 18 ème siècle. Leurs propriétaires les abandonnèrent pour des constructions, mieux éclairées, plus faciles à chauffer, plus confortables, en un mot plus conformes aux standards de vie de l’époque.

L’église de Ste Florence daterait du 11ème siècle et aurait été restaurée à de multiples reprises. Avant de nous faire visiter ce lieu de culte, le sympathique maire de Ste Florence a présenté la source miraculeuse jaillissante au pied de l’église. La rumeur rapporte que l’eau de cette émergence aurait le pouvoir de rendre la parole aux muets, Léo rappelait que l’église Ste Florence était surtout renommée grâce au pèlerinage à la Vierge, lié à la présence de la fontaine miraculeuse. Un lavoir rappelle l’existence du chemin des lavandières y aboutissant. A noter, l’attention très sympathique de l’élu qui nous a proposé de goûter au premier bourru de l’année. Il fut apprécié à sa juste valeur. Revenons à la description de l’église, assurée principalement par le « local » de l’étape: Bernard Larrieu. Ce dernier attira notre attention sur deux particularités extérieures à cette église. D’une part, l’appareillage est à nul autre pareil. Il présente l’aspect d’une alternance d’assises, de tailles différentes, répétées, sur la totalité du mur. Cet appareillage se dit : pseudisodomum. Il est rarement mis en oeuvre. Il équipe le mur de soutènement des terres qui est aussi le mur de la nef (1.20 m d’épaisseur ). D’autre part, le porche abritant le portail en ressaut par rapport au mur, serait l’un des plus beaux de l’Entre-deux-Mers. Sur place nos intervenants ont abondé en ce sens, mettant en exergue la magnifique charpente, les bancs en pierre, usés d’avoir accueilli de nombreux auditeurs venus participer aux décisions collectives concernant la commune. Il servirait encore de nos jours de salle de réunions publiques. Il s’adosse à un imposant mur-clocher qui le sépare de la nef. A l’intérieur, le plafond actuel en bois peint est plus bas que le plafond charpenté originel. Il est rare de trouver des boiseries peintes à l’intérieur d’une église romane. Nous relevons aussi des extraits de peinture couleur sépia, attestant la présence à l’origine, de fresques couvrant directement la totalité des murs intérieurs. Dans ses notes archéologiques de 1862, Léo décrivait cette église ainsi ( en résumé) : «  nef suivie d’une abside semi-circulaire inclinée au sud ». Il n’avait pas pu voir les fresques puisqu'elles furent découvertes bien plus tard.

Maison forte de Courros : Perchée sur sa butte, elle surveillait idéalement la vallée. Le plan de construction est semblable ( au départ ) à celui de la maison forte de Villepreux. La bâtisse est de forme simple, rectangulaire, adossée à un bâtiment large, puissant, accueillant à ses angles des tours défensives. Les salles peu nombreuses sont éclairées par des fenêtres à meneaux. Léo a dessiné plusieurs vues de cet édifice oubliant les parties de la construction qu’il jugeait trop modernes ou sans intérêt. La cour actuelle, vaste, agréablement arborée fut mise à notre disposition par le propriétaire des lieux pour notre traditionnel pique-nique tiré des sacs et autres glacières.

Eglise de Saint Vincent de Pertignas : L’édifice daterait de la fin du 15ème sècle. Dédiée à St Vincent, cette église fut restaurée à maintes reprises. Le clocher,tour carrée, très puissant est plus récent. Il sépare la nef de l’abside semi-circulaire. Les modillons offrent une alternance de dessins géométriques et de têtes humaines ou animales. Un joli cadran solaire est visible sur l’un des contreforts, accompagné de la date 1744 gravée dans la pierre, L’église est flanquée d’un bas-coté très important. Une porte donne accès à ce rajout latéral qui servait de chapelle aux familles nobles. I l serait dédié à Notre Dame. Les deux volumes contiguës communiquent très largement. Les nobles, les seigneurs se disputaient le droit de banc, de litre. Pour acheter les faveurs espérées, ces familles finançaient la réalisation de vitraux, prenaient à leur charge les travaux confortatifs ou d’agrèments des édifices religieux. Le corps principal de l’église accueille une coupole romane de belle facture. Elle sépare la nef de l’abside, illustrée de médaillons peints en trompe l’œil. Les peintures polychromées de certains décors sont encore visibles. Les arcs de la coupole reposent sur des colonnes coiffées de chapiteaux sculptés. Les scènes de la Bible y sont abondamment reprises ( Adam et Eve, le sacrifice d’Abraham, un sagittaire pointe ses flèches en direction d’un représentant du Mal ). Le cimetière accueillait des corps à l’époque mérovingienne. Depuis, le niveau général des terres n’a cessé de se relever. Des terrassements le long de l’église ont permis de retrouver le sol initial. Léo a visité l’église en 1864. Il lui a consacré une étude parue dans le Bulletin Monumental.

Château Cablanc : Propriété viticole produisant des blancs, rosés, rouges en A.O.C Bordeaux. Les propriétaires se sont « convertis » à l’oenotourisme en proposant des repas conviviaux sur le thème du vin, des dégustations ludiques, des jeux autour du vin, des déambulations nocturnes à la découverte du vin. Les vignerons élèvent leurs produits dans le respect de l’environnement. La dégustation et la visite des chais, à allure libre, ont permis à chaque marcheur de bien apprécier la qualité des vins élaborés dans le domaine.

Lecture du paysage depuis l’église Saint-Pey-de-Castets assurée par Philippe Roudié. Nos regards conduits par lui ont embrassé l’un des plus vastes points de vue de la gironde.
A nos pieds, la vallée de la Dordogne d’une largeur de 2.5 à 3 km traverse un plateau long d’une dizaine de kms bordé par des ressauts de 80 mètres de hauteur. La pente générale de ce bassin et par conséquent celle de la Dordogne est très faible. Cette rivière reçoit des alluvions en provenance des régions du centre de la France. La faible vitesse de l’eau crée des îles, des bras qui se comblent au gré des courants. La faible pente générale, favorise aussi les crues qui enrichissent à leur tour les sols. Les barrages en amont régulent les débits limitant les crues mémorables d’antan. La température générale moyenne constatée est plus chaude et plus fraîche que sur la côte et dans le bordelais ( l’urbanisation dense tempère cette analyse ).
Ces écarts de température profitent à la polyculture. Le paysage est ici l’œuvre de l’homme. La parcellisation de l’espace s’est faite au profit des cultures. Peu de parcelles plantées de vigne. Les bois occupent de très petites surfaces. L’homme a pesé sur le paysage et depuis longtemps. Nous observons un plateau où se trouve la plus grande densité de sites d’activités préhistoriques et médiévales. C’est vrai dans la vallée. C’est aussi une réalité sur les plateaux bordant la Dordogne. Au 18ème siècle il n’y avait pas de vigne sur ce site. La paysannerie occupait les terres sur des surfaces de petites dimensions. Elles étaient consacrées à la consommation locale. Le cadastre Napoléonien regorge d’exemples. La Dordogne transporte le vin en provenance de l’intérieur du pays ( Bergerac par exemple ). 

La mutation a eut lieu dans les années 1950-1960. Les paysans devenus viticulteurs étaient indépendants et pas « dociles pour deux sous ». Il a fallu réorganiser cette corporation. Les caves coopératives se sont imposées grâce à la volonté des élus. Le remembrement a lutté contre le morcellement des terres, au profit d’un regroupement des surfaces cultivables au sein d’une même propriété. Il a créé des drames et des injustices. Il a aussi permis d’atteindre des rendements inconnus jusqu’alors. Le drainage des sols, l’assainissement des lieux de vies ont participé à l’amélioration de la qualité de vie en général et ont bonifié les produits proposés. L’environnement rural a payé un lourd tribu à ces nouvelles politiques agricoles. Les haies bordant les parcelles ont été détruites avec leur résidents ( faune et flore ). 

Une belle vue, un pays attachant, une intervention intéressante. A renouveler dès que possible. Léo s’est montré très enthousiaste au cours de sa visite sur le site: «  du haut de l’église on jouit d’une des plus belles vues les plus étendues du département…. ».

Récital de musique dans l’église de St-Pey-de-Castets :
Cécile Banquet ( chant ) – Emmanuelle Faure ( violoncelle ) – Giorgio Bocci ( violon ) ont interprété des œuvres de Haendel et de Bach. Le violoniste a situé les pièces interprétées dans leur contexte historique, affectif, sans excès pédagogique. Il a dressé un portrait très rapide de chacun des créateurs en illustrant ses propos de respirations musicales très courtes. Un bon moment, d’une durée correcte ( 40 minutes ) compte tenu que nous étions presque à la fin d’un programme chargé. Nous avions pris trop de retard. La visite commentée de l’église de St Pey de Castets fut reportée à une date ultérieure.

Eglise de Saint-Pey-de-Castets : A l’attention de nos fidèles lecteurs, de plus en plus nombreux, je reprends en substance, le commentaire fait par Léo Drouyn, au cours de sa visite de l’édifice en 1856. «  cette église qui est fort grande n’offre aucun genre de beautés. C’est une longue et large nef de la fin du 12ème siècle terminée à l’est par un chevet droit de la même époque… » ( source : Fascicule Circuit roman Léo Drouyn, Communauté de communes Castillon-Pujols, Editions de l’Entre-deux-Mers. )
La Caussade : Maison bourgeoise occupant un ancien prieuré. Les propriétaires ont retrouvé de nombreuses fenêtres murées. Autrefois, les fenêtres ouvraient droit à l’impôt. Au cours de la visite extérieure, nos regards furent attirés par la girouette métallique qui s’animait sur le faîtage de la bâtisse. Un lion nous tirait la langue. Le clou de la visite fut sans conteste 

l’escalier sinusoïdal, en pierre dont la rampe est un pur chef d’œuvre. Sculptée dans la pierre, une corde tressée s’enroule autour de la rampe maintenue par une main ferme, elle-même en pierre, l’ensemble d’une finesse exceptionnelle. 

Le traditionnel pot de l’amitié offert par la municipalité de St Pey de Castets eut lieu dans la cour du domaine à proximité des vieux murs de la bâtisse couverts de vigne vierge ou de lierre, écrin vert apaisant propice aux confidences et aux rencontres amicales.
Des sourires, des trouvailles, des rencontres rendues possibles grâce à la Fête à Léo. Les balades du programme 2009 quittent l’Entre deux Mers. Les marcheurs, le teint hâlé, ont des souvenirs plein la tête, car il a encore fait beau et chaud pendant la Fête à Léo. 
    A bientôt avec Léo en buste.
    Dominique D.




*explications de Bernard Larrieu: On remarque sur le flanc septentrional l'appareil appelé pseudisodomum, où les assises larges alternent avec des assises étroites; genre de construction fort rare dans le département de la Gironde."
Extrait, tiré de la notice Sainte Florence, Variétés Girondines t.2 page 386.





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Départ : Eglise de Saint-Pey– 09h30 – à pied
Journée découverte en pays de Gamage, dans le canton de Pujols. Découverte du patrimoine et des paysages de l'une des plus belles régions de Gironde, à l'occasion de la sortie des volumes 15 et 16 des albums de Léo Drouyn avec l'enfant du pays, Bernard Larrieu, et Sylvie Faravel. Au programme, les églises de St Pey, Ste Florence, St Vincent de Pertignas, et les maisons nobles, rarement ouvertes, de Gamage, Perrottin, du Courros, de la Caussade.... Final en musique dans l'église de Saint-Pey et verre de l'amitié à La Caussade.