vendredi 13 juillet 2012

Lussacais le 1er Juillet 2012 - Compte-rendu

Moulin à vent
Fête à Léo 2012
Sur les terres de l’abbaye de Faize

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Accueil des 137 participants à la balade sur les terres de l’abbaye de Faize, au château «Latour-Ségur» à Lussac. Le lieu est d’un grand confort. Les propriétaires furent comme à l’accoutumée d’une très grande gentillesse. L’accueil matinal, puis le cocktail musical du soir font des participants à la Fête à Léo des privilégiés, encore «gâtés».

Le temps, de clément le matin à beau l’après-midi, participa à la convivialité de cette journée, comme toujours à la Fête à Léo.

Une fois n’est pas coutume, j’évoquerai brièvement la balade de la veille, celle du 30 juin en Pays de Duras. De l’avis unanime des participants, l’accueil très convivial, le dévouement des organisateurs, les paysages traversés d’une très grande beauté et les intervenants de qualité concoururent à faire de cette sortie FàL 2012 une journée mémorable. Que les organisateurs en soient ici chaleureusement remerciés.



La balade débuta par une rapide visite du château Latour-Ségur. Le bâtiment, construit fin 17ème -début 18ème siècle, aurait été accolé à une bâtisse médiévale. Au cours de notre visite, nous pûmes constater qu’une partie de la construction reposait sur le rocher. Sur une autre façade, la présence de latrines indique un certain confort. La tour du 12ème -13ème siècle est appelée «tour de Ségur» ou «tour de Faize». Un commanditaire, pouvant être un membre de la famille de Ségur, aurait cédé l’ouvrage à l’abbaye de Faize, espérant expier ses fautes. De nombreux rajouts, jouxtant la tour, réalisés aux 17ème et 18ème siècles, présentent un ensemble architectural manquant d’homogénéité. A l’origine, c’était une maison-forte. Lorsque Léo Drouyn a dessiné l’ouvrage (~1863), il a un peu habillé la réalité, ne voulant retenir que les parties qui l’intéressaient. Par exemple, les douves étaient sèches, alors qu’il les a représentées pleines d’eau, permettant aux pêcheurs imaginaires d’exercer leur patience.


 Château «Barbe Blanche» : propriété viticole dépendante du château Latour-Ségur, qui est composé de la propriété d’agrément et du château. Les vignes appartiennent au château «Barbe Blanche». Architecture de chais et autres dépendances sans originalité.

Abbaye de Faize : C’est une ancienne abbaye cistercienne située sur la commune des Artigues de Lussac. Elle a été fondée en 1122 par  Pierre II de Castillon qui la confie aux moines de Cadouin. Partiellement détruite pendant les «Guerres de Religion», elle a brûlé à nouveau au cours de ce siècle. Il n’en subsiste actuellement qu’un bâtiment conventuel construit au XVIIème siècle (1699). Il est «arcaturé» avec une galerie supérieure. Présence d’une baie romane, assez rare pour être signalée. Les trois autres côtés ont disparu. Le peu de ruines qui subsistent (uniquement une partie des murs de soubassement et une partie des voûtes retrouvées à proximité) permettent d’ébaucher les formes simples qui furent les siennes. Le plan de l’église est conforme à ceux des églises cisterciennes. Cette abbaye hébergeait 6 à 8 moines maximum. Maurice Druon a acheté l’abbaye et y a fait des travaux importants. L’abbaye était exceptionnellement ouverte pour la Fête à Léo.

Moulins de Calon : 5 Moulins à vent perchés sur une butte à 105 m d’altitude, dont 2 en état de fonctionnement. Le propriétaire, passionné et passionnant, nous a expliqué que le mécanisme de fonctionnement pouvait s’apparenter au premier moteur de l’histoire. Il aurait été utilisé pour la première fois en Mésopotamie. Il a été perfectionné au cours de l’histoire, plus complexe à comprendre dans les détails que ne voulait l’admettre notre intervenant, qui baigne dedans depuis des années. Rappelons qu’au 12ème siècle, les utilisateurs de ces moulins trouvèrent qu’il était plus efficace de mieux orienter les ailes du moulin en passant de l’axe vertical à l’axe horizontal. Les ailes en forme d’hélices en sont la conséquence directe et presque immédiate. Le vent faisant mieux tourner les ailes (à Calon : 15 m), le rendement s’en ressentait. C’est comparable au fonctionnement des hélices d’un bateau à moteur. Le rendement s’accroît encore avec l’entoilage des ailes. La queue arrière du moulin permet de faire pivoter (sur un rail en bois) la tête du moulin et ses ailes, face au vent, afin d’augmenter une nouvelle fois le rendement du mécanisme. L’ensemble était entièrement en bois et pesait ~5 tonnes. Différentes essences de bois (chêne, charme, acacia, hêtre, ormeau, châtaignier, etc…) étaient utilisées et optimisées. Les moulins avaient généralement trois étages, couverts par une toiture d’écailles de châtaignier.

Au pied des moulins de Calon, le traditionnel pique-nique se déroula avec son cortège de civilités, de propositions gourmandes, de nectars en mal de palais et … le soleil aidant, le «meunier» ne fut pas le seul à «piquer» une sieste salvatrice.

Eglise St Martin de Montagne. la commune de Montagne possède deux églises, dont l’église de St Georges de Montagne (fermée ce jour). Depuis le passage de Léo, l’église St Martin de Montagne a bien changé. L.Drouyn l’a visitée en 1861, c'est-à-dire 4 ans avant les travaux de restauration qu’elle a connus entre 1865 et 1870. Il a laissé un beau dessin. La transformation de la porte sud date de cette période, comme en témoigne la date de 1870 gravée sur son tympan. En comparant le dessin laissé par Léo et l’état actuel de l’église, on constate notamment que les fenêtres de l’abside principale, en grand nombre sur le dessin, ont été restaurées à ce moment là, principalement la fenêtre axiale, très large sur le dessin de Drouyn et depuis lors rétrécie dans un style roman. L’abside est à pans, décorée de modillons aux formes traditionnelles. La corniche est surélevée, témoignant de la mise en défense de l’église, notamment au moment des Guerres de Religion.
Cette église est de facture romane, bâtie sur un plan en croix latine. La nef unique du XIXème siècle est coupée par un large transept roman. A la croisée du transept, s’élève un grand clocher-tour carré. A l’intérieur, la voûte, située à la croisée du transept et de la nef, est abaissée et consolidée par deux épaisses nervures. Ce système est assez rare. Un exemplaire similaire se trouverait dans l’abbatiale de St Ferme. A proximité, deux autres types de voûtes s’offrent à nos regards : une coupole et une voûte en berceau. La problématique des architectes de l’époque fut d’assurer une liaison à la fois esthétique et mécanique entre les voûtes (appuis circulaires) et les appuis de formes carrés ou rectangulaires. Les chapiteaux sont ici sculptés de feuilles d’acanthe et d’animaux.

La pierre d’évier de Lussac ou mégalithe de Picampeau :
Un débat («disputatio») organisé entre B.Larrieu dans la «peau» de Léo Drouyn et David Redon épousant (pour la réplique) les thèses de Jean André Garde, «l’historien du Libournais», prit forme sur le mégalithe. L.D affirma haut et fort à qui voulait bien l’entendre que ce mégalithe était pour lui une énigme, ignorant sa datation, sa fonction et s’interrogea s’il était en présence d’un menhir ou un dolmen. Son contradicteur affirma au contraire pouvoir dater cette pierre de la Préhistoire, qui était destinée à des fins sacrificielles.
En fait, L.Drouyn prit prétexte des querelles renouvelées avec quelques membres de la Société Archéologique de Bordeaux pour prendre congé de cette institution bordelaise au moment même où il allait en devenir le président. Il se sentait mal à l’aise dans ce groupe où des clivages scientifiques, idéologiques et politiques s’exacerbaient. L.Drouyn cachait mal son malaise face aux idées nouvelles concernant la science préhistorique et les thèses darwiniennes, qui mettaient à mal la conception de la Genèse et remettaient en cause la création et l’histoire de l’humanité. Le fervent catholique qu’est L.D ne pouvait plus admettre ces mutations de pensée.

La tour de Grenet : Haute de 30 m, permettait de voir très loin. Nous n’avons pas su si elle avait joué le rôle de Tour de Chappe, inventeur de la première ligne aérienne en 1794. Ce système perfectionné permettait de transmettre via 535 tours distantes de 6 à 8 km des informations dans toute la France. Il fallait 9 minutes pour transmettre un message de Paris à Lille. Essentiellement utilisé par l’administration, ce système fut détrôné définitivement par le télégraphe. Cette tour de Grenet a-t-elle servi à un propriétaire viticole pour surveiller ses employés, comme l’affirmeraient certaines rumeurs ? Nous quittâmes cette tour érigée au milieu de nulle part, avec vue imprenable, sans réponse sur son histoire et sa fonction.

Sources :
Intervenants, l’association historique de Puynormand, les propriétaires du château Latour-Ségur, l’ouvrage «Léo Drouyn cet illustre inconnu», aux Editions de l’Entre-deux-Mers, écrit par Bernard Larrieu.


D. Dominique