mardi 29 septembre 2009

Sortie à Bordeaux 20 septembre 2009


[WWW]Photos de Anne-Marie Migayron 
[WWW]Photos de Pierre Bernard 
[WWW]Photos d'Yves Carlier
« guerre aux démolisseurs » ( Léo Drouyn ) 
Chambrée: 120 personnes. Très bonne participation alors qu'il y avait concurrence en ce jour de Fête du patrimoine national et européen. Temps: Quelques gouttes de pluie le matin, dégagé à ensoleillé l'après midi. Partenaires de la journée: Service patrimoine de la ville de Bordeaux – association Aquitaine Historique – Musée d'Aquitaine – Recherches archéologiques girondines - les Amis de Léo Drouyn. Respirations musicales assurées par le talentueux et inusable Hervé Hirondelle et son orgue de barbarie. Il a revu avec émotion un de ses anciens instituteurs avec qui il a pris la pose. Il revisita quelques vieilles rengaines aussitôt reprises par le public. Intervenants: Renée Lelie - David Souny - Jean Pierre Méric - Bernard Larrieu.
Rendez-vous avait était pris pour dix heure, place Pey Berland, au pied du buste de Léo Drouyn.Son buste avait été coulé dans le bronze. Il fut fondu dans la haine. Il est resté de marbre face aux démolisseurs. Il est dorénavant taillé dans la pierre. Il lui a consacré sa vie. Elle l'accompagne pour l'éternité. C'est par le dessin qu'il témoigna d'un temps révolu. C'est à dessein que nous marchons sur ses traces, résolus de poursuivre à nouveau l'initiative en 2010.
Tour Pey Berland: Ce campanile superbement sculpté, de style gothique fut classé Monument historique en 1862. La tour mesure 60 mètres de hauteur, auxquels il faut ajouter les 6 mètres de la statue dorée d'une vierge à l'enfant, appelée Notre-Dame d'Aquitaine installée en 1863, tournée vers le Médoc, région d'où était originaire l'archevêque Pey Berland( 1377-1458 ). Il fut à l'initiative de sa construction qui s'échelonna de 1440 à 1500. Cette tour-clocher est toujours restée isolée de la cathédrale Notre Dame. Rappelons toutefois qu'elle lui fut reliée par les maisons des chanoines ou des nécessiteux au 17ème siècle, respectant une coutume en vigueur dans tout l'ouest de la France. Au 18ème siècle, des vents de la force d'un ouragan, firent tomber une partie de sa flèche. Elle fut vendue à la Révolution pour être transformée en fabrique de plombs de chasse. Un étroit escalier à vis, de 232 marches vous conduit à une galerie qui fait le tour de la base de la flèche. La vue imprenable permettait d'observer tout début d'incendie sur Bordeaux. C'est ce rôle qui la sauva de la démolition. Quatre cloches équipent cette tour. Les deux petites, 800 kg et 2,3 t, répondent aux doux prénoms de Clémence et Marguerite sont activées. Les deux plus imposantes, Marie 4 t, Ferdinand André 8 t, dit le « Bourdon »,ne sonnent pas afin d'éviter qu'ils occasionnent des dégâts irréversibles dans la structure de la tour.

Cathédrale Saint André de Bordeaux: De style gothique elle a subi de multiples restaurations, de nombreux rajouts notamment des arcs boutants afin de consolider l'édifice ainsi que des reconstructions au 12ème et au 16ème siècles. Au 5ème siècle, elle se présentait sous la forme d'une simple église, dont l'entrée était déjà située au nord ( rare ) car deux de ses façades s'appuyaient contre le mur du castrum. Les archéologues ont retrouvé les traces de la tour dite « Aliénor » érigée devant la porte de la façade nord ouest, dite Porte Royale. Ils ont vérifié aussi que cette tour s'était affaissée suite à des défauts de stabilité du sol ( ~1100 ). Cette entrée nord est magnifiquement décorée. Les évêques représentés ne sont pas clairement identifiés. La Cène, une représentation de la trilogie, l'Assomption y sont finement sculptées. La Révolution a épargné par miracle ces représentations artistiques. Des traces de polychromie y sont encore visibles. A l'évidence, le niveau actuel du sol est plus haut que celui des siècles passés. Le remplacement des charpentes en bois de la nef par des voûtes en pierre ont occasionné des dégâts significatifs sur les murs porteurs. Il a fallu les soutenir par l'ajout d'arcs-boutants et autres contreforts ( notamment le contre fort de Grammont ) s'opposant aux terribles poussées .
En 1535 selon un chroniqueur anglais « Dans la cathédrale Saint André, se trouvent les plus belles et les plus grandes orgues de toute la chrétienté ». Malheureusement les orgues furent vendues et fondues pour l'armée. Plus récemment, l'UNESCO a inscrit sur la liste du patrimoine mondial, les chemins de Saint-Jacques de Compostelle et des monuments associés à ce pèlerinage dont les cathédrale Saint-André, les basiliques Saint-Seurin et Saint-Michel bordelaises.

Grosse cloche de Bordeaux: C'est avant tout, le symbole de la puissance d'un troisième pôle ( l'économie portée par les bourgeois ) qui est venu s'opposer aux deux milieux influents en place depuis longtemps: les seigneurs ( la politique ) et l'église. Les bourgeois sont devenus incontournables lorsque le roi d'Angleterre a reconnu la Jurade (1224 ). La population s'accroissait. Il fallait protéger les habitants. Avec la construction du deuxième rempart, la « maison commune » devint une réalité politique, économique, administrative. La Grosse cloche jouxtait la maison commune. Elle prit le contrôle du temps civil en lieu et place du temps religieux. La cloche annonçait progressivement les évènements civils à la place des temps forts chrétiens de la journée.


La « Grosse cloche » est le beffroi de l'ancien hôtel de ville.
C'est un des rares monuments civils ( avec la porte Cailhau ) que la ville conserve du Moyen Age, Elle vient d'être restaurée, Elle a été édifiée au 15ème siècle sur les ruines de l'ancienne porte Sainte-Eloi dite aussi, porte Saint James du 13ème siècle, adossée à l'église Saint Eloi du12ème siècle, ouverte sur le rempart du 13ème siècle. Elle était empruntée par les pèlerins de Saint Jacques en route pour Compostelle. Initialement composée de quatre tours, elle présente de nos jours deux tours reliées par un bâtiment, L'ensemble, d'une hauteur de quarante mètres, est dominé par un léopard doré rappelant que Bordeaux était la capitale de la Guyenne. De nombreuses modifications survenues au 15ème et 16ème siècles modifièrent progressivement l'aspect de la porte devenue le beffroi de la ville après l'ajout de la cloche. Les magistrats de la ville sonnaient pour donner le signal des vendanges, alerter la population en cas de mouvements suspects de troupes, ou pour le tocsin. C'est la raison pour laquelle elle est demeurée le symbole de la ville, apparaissant sur le blason de Bordeaux en compagnie des remparts, de la Garonne avec son croissant de lune, des fleurs de lys ( royauté française ) et d'un léopard rappelant la Guyenne. Les bordelais étaient attachés à leur cloche. Dès qu'ils faisaient preuve d' insubordination, ils étaient menacés de la perdre. Henri II fit briser la cloche pour punir les Bordelais de leur révolte de 1548 connue sous le nom de « jacquerie de pitauds ».

L'impasse rue Neuve est étroite ( 4 m ), occupée des siècles durant par des bourgeois bordelais. Déjà, au 16ème siècle, elle aboutissait à une cour ceinturée de bâtis dont l'ensemble était servi par une architecture singulière. Ce lieu allait servir de cadre à la petite histoire. D'une part, le Calvinisme fut prêché ici pour la première fois à Bordeaux. C'est à partir des balcons qui dominent cette enceinte que le mouvement protestant a fourbi sa doctrine.
D'autre part, c'est dans cette cour que Montesquieu est venu chercher celle qui allait devenir son épouse. Elle y reviendra, une fois le philosophe décédé.
Retour vers le passé: Visite collective, exceptionnelle, de l'impasse Bouquière sise en lieu et place du fossé ( 9 m de large ), séparant deux des anciens remparts qui longeaient à leur tour les fossés dits de « Bourgogne » ( actuellement remplacés par le cours Victor Hugo ). L'ensemble complétait le système défensif de la ville de Bordeaux. Une tradition, du 15ème siècle, affirmait que l'eau puisée à sa fontaine, était la meilleure de tout Bordeaux. Au siècle suivant la pollution en dissuadait toute utilisation. Au 19ème siècle, elle sera comblée. Sur le site présence d'une porte cloutée du 17ème siècle, remarquablement bien conservée. Les maisons actuelles sont bâties sur ou à la place des anciens remparts.

Flèche Saint Michel: La basilique Saint Michel partage avec la cathédrale Saint André la particularité d'être dotée d'une tour-clocher indépendante du sanctuaire. Ce campanile est considéré comme l'un des plus hauts de France ( 114 m ). Il fut érigé sur l'emplacement d'un ancien cimetière, à proximité de l'église St Michel qui avait remplacé une église plus ancienne, « hors-les-murs », c'est à dire en dehors des remparts de la ville. La construction de la troisième enceinte urbaine, incluant l'antique église a contribué au développement du quartier dans le courant du 14ème siècle. Ce lui-ci est animé par les artisans et les marchands qui lui donnèrent une attractivité économique. Louis XI confia à l'architecte saintais Jean Lebas la construction de la nouvelle église entre 1472 et 1492. Etape jacquaire très importante, les dons, nombreux, ont permis la poursuite des travaux de construction et leur achèvement courant 16ème siècle. En 1759 un tremblement de terre frappe Bordeaux. Probablement fragilisée par le séisme, la tour-clocher est découronné par une forte tempête quelques années plus tard. En 1768, les autorités décident d'araser la partie haute de la tour pour des raisons de sécurité. Au début du 19ème siècle, l'édifice accueille le télégraphe Chappe. En 1843, au cours de son passage, Victor Hugo décrit la tour comme suit: « La tour, quoique couronnée encore d'un bloc à huit pans et à pignons, est fruste et tronquée à son sommet. On sent qu'elle est décapitée et morte. Le vent et le jour passent à travers ses longues ogives sans fenestrages et sans meneaux à travers de grands ossements. Ce n'est plus un clocher: c'est le squelette d'un clocher ». Au cours des travaux de suppression de l'ancien cimetière ( 1791 ), occupé actuellement par la place Meynard, plusieurs dizaines de corps momifiés connus plus tard sous le nom de « momies de St Michel », sont mises au jour. Elles seront exposées dans la crypte qui servit longtemps d'ossuaire. A la vue de ces momies, Théophile Gautier dira: « Il n'est jamais sorti de la nuit allemande de plus abominables spectres ».Elles seront inhumées au cimetière de la Chartreuse en 1979.
En 1869, après huit années de travaux , l'architecte Paul Abadie rétablit la flèche que nous connaissons aujourd'hui. Léo Drouyn a fait un dessin de la tour en travaux avec ses échafaudages .Cette tour-clocher abrite un carillon de 22 cloches.

Abbatiale Sainte-Croix de Bordeaux: Bien que l'abbaye ait été fondée au 7ème siècle, l'église actuelle ne fut construite que vers la fin du 11ème, début du 12ème siècle. C'est à l'époque mérovingienne, au sud de Bordeaux, que l'abbaye fut érigée sur un élévation de terrain située en plein marécage traversé par un estey ( l'Eau Bourde ) qui se jetait dans la Garonne. D'après une épitaphe datant du 7ème siècle, dédiée à Saint Mommolin, abbé de Fleury sur Loire ( aujourd'hui St-Benoît-sur-Loire ) y serait mort vers 679. Il guérissait les maladies mentales. L'abbaye fut détruite autour de 730 par les Sarrazins, reconstruite à la fin du même siècle. A nouveau rasée suite aux terribles raids normands de la moitié du 9ème siècle, elle fut réédifiée à la demande de Guillaume le Bon, comte de Bordeaux sur l'emplacement de l'oratoire dédié à Saint-Mommolin vers les années 970. L'église abbatiale sera finalement bâtie fin 11ème début 12ème siècle. Les moines de la congrégation de St-Maur achevèrent la construction de leur monastère vers 1672. En 1793, l'abbaye sera affectée à un hospice. Les travaux de réfection entrepris en 1862 par l'architecte Abadie qui réinvente la façade furent vivement condamnés par Léo Drouyn. Il employa les termes de « guerre aux démolisseurs »,pour fustiger la pertinence des travaux, comparables selon lui à du vandalisme patrimonial. La façade que l'édifice nous offre actuellement n'est pas celle que Léo Drouyn a gravé. En 1890, l'école des beaux-arts occupera le site. La façade est de style roman saintongeais. Le portail, d'une grande finesse, a servi de modèle à beaucoup de sculpteurs d'églises girondines.

Rue des Douves: Morceau du troisième rempart visible rue des Douves. Afin d'assurer la protection d'une population de plus en plus nombreuse, un troisième rempart fut construit. Au 14ème siècle, le roi de France a souhaité que l'ensemble des villes du sud soient fortifiées pour se protéger de la menace espagnole très présente. Anchise de Bologne fut missionné pour fortifier le mur d'enceinte. Il réalisa des bastions triangulaires à distances régulières protégeant murs et portes préfigurant les fortifications de Vauban.

Porte d’Aquitaine, place de la Victoire: Elle est datée approximativement du 17ème siècle. Sa présence indique, à une dizaine de mètres près, l'existence de la porte originelleayant été ouverte sur le troisième rempart.

Couvent des Annonciades: Il a été fondé en 1520 achevé en 1540 selon des prescriptions fournies par Jeanne de Valois reine de France. Il fut bâti contre la troisième enceinte. La galerie est de forme rectangulaire, ceinturée d'arcades reposant sur des colonnettes rectangulaires de style renaissance antiquisant. Un ensemble sculpté illustrant la mise au tombeau est visible à proximité du choeur.


La chapelle, les voûtes et la majesté des lieux invitent à la quiétude sauf les jours de Fête à Léo ( trop de monde ). Ce couvent est présent dans un quartier où existaient de nombreux autres lieux de culte équipés de chapelles, cloîtres et jardins. Ce quartier accueillait les nombreux pèlerins en transit vers l'Espagne et St-Jacques-de-Compostelle. De nombreux autres établissements religieux s'y installèrent comme notamment Les Religieuses de Notre Dame fondé par Sainte Jeanne de Lestonnac, nièce de Montaigne. Il y eut aussi, les Orphelines de Saint Joseph, les Madelonnettes, les Visitandines, les Minimes du Hâ...etc etc. Les deux couvents des Annonciades et de Notre Dame existent toujours. Les religieuses y créèrent les bonbons aux noix et les fameux cannelés bordelais en récupérant le blé des sacs éventrés sur les quais et les jaunes d'oeufs sur les quais des Chartrons car le blanc de l'oeuf servait à coller le vin. La chapelle s'est agrandie, le cloître aussi accueillant les Filles de la Méséricorde à l'étroit dans leur couvent. Il est le siège actuel de la DRAC ( affaires culturelles ). Construit et décoré dans un style Renaissance, le couvent présente une unité que les restaurations contemporaines n'ont pas trop chahuté.

Pour finir en musique, comme il est de coutume à la Fête à Léo, nous avons eu droit à quelques belles pages lyriques avec des Mélodies et le Requiem de Gabriel Fauré pour choeur, solistes, orchestre et orgue dans la chapelle du couvent. Un public très nombreux était venu écouter les chorales : association des agents du Ministère de la Culture d'Aquitaine, l'Entre deux Airs ( écoles de musiques de Latresne, Camblanes, Saint Caprais de Bordeaux ) auxquelles sont venus s'ajouter les ensembles vocaux Les Dames de Choeur et Dix Sonnances. Les artistes étaient placés sous la houlette de la séduisante Marie Cécile Héraud. Le livret fut lu avec des notes d'humour par Bruno Bujtenhuijs.

Ce concert était le point d'orgue de la Fête à Léo Drouyn dans le cadre des scènes d'été 2009. Un nombreux public est venu partager avec nous la convivialité simple et sympathique qui anime ces rencontres. A bientôt sur le site de l'association des Amis de Léo Drouyn: adld.wikispot.org où vous trouverez l'annonce de nos prochaines sorties.
Au plaisir de vous retrouver prochainement.
Léo vôtre,
Dominique D.









Départ : Place Pey-Berland, statue de Léo Drouyn – 10h00 – à pied
Sur les pas de Léo Drouyn à Bordeaux, et avec de nombreux intervenants, un orgue de Barbarie... et la découverte de nombreux lieux de Bordeaux auxquels peut-être rattachée l'œuvre de Léo Drouyn... dont la publication est attendue pour 2010. Une mise en appétit pour ainsi dire, pour clore cette huitième Fête à Léo! (Cliquez sur l'icone Map en haut de la page pour trouver le point de départ.)