mardi 22 septembre 2009

Sortie à Saint-André-de-Cubzac 19 septembre 2009

« cette église est une véritable forteresse », ( Léo Drouyn ).
Chambrée moyenne: 40 auditeurs. Deux heures de visite prévues, uniquement, pour une église au programme de cette 24ème journée de la Fête à Léo. La fête au patrimoine national et européen débutait concomitamment ce jour-là. Dans le Cubzaguais, de nombreuses visites étaient programmées en raison de la richesse architecturale de cette partie du département, Il a plu, Une fois n'est pas coutume. Ce sont certainement, quelques 
unes des raisons expliquant la présence relativement modeste du nombre des visiteurs. L'intérêt de l'édifice n'est pas en cause. La qualité des intervenants non plus. Madame Evelyne Ballion, architecte du Patrimoine, responsable des derniers travaux de restauration de l'église et Bernard Larrieu ( que nous ne présenterons pas ) nous ont offert un fabuleux numéro de duettistes passionnants et passionnés, l'une et l'autre mêlant technique de construction et histoire avec une grande intelligence pour le plaisir unanime des présents : du grand art en communication et partage du savoir. Un seul regret : celui de ne pas avoir été plus nombreux à profiter de cette visite, Partenaires associés à celle ci: Office du tourisme du Cubzaguais, la municipalité de Saint André de Cubzac. Accueil souriant d' Hélène Richier expliquant rapidement le cadre de la visite.

Bernard Larrieu rappela les deux visites effectuées par Léo Drouyn en 1858 et 1868. Ce dernier a dessiné essentiellement la partie romane de l'église St André. L'importance des détails retranscrits par l'archéologue n'est plus à démontrer. Ils sont précieux pour dater les éléments de la construction. Cette église, dédiée à St André, a été qualifiée par Léo Drouyn « d’église composite historiquement ». Initialement, la construction est de style roman. Certaines parties de l’édifice sont de la moitié du 13ème siècle, d'autres de la fin du 14ème-début 15ème siècle. Des modifications sont datées du 18ème siècle. Certaines restaurations ont été réalisées au 19ème et 20ème siècles. En 1868, deux pages de notes archéologiques témoignent des observations faites par Léo. Ces précieux renseignements sont utilisés encore à ce jour par les architectes pour conduire leurs restaurations.
Madame Ballion a décrit les grandes étapes de la méthode de travail qu'elle active à chaque nouvelle intervention. La première d'entre elles consiste à dresser les plans et les coupes les plus précis de l'ouvrage. La suivante s'attache à établir un diagnostic le plus exhaustif possible du « malade ». La recherche historique occupe l'essentiel de la troisième étape. Cette église du 12ème siècle dépendait de l'abbaye de la Sauve Majeure.

La nef était couverte initialement avec une charpente, en bois, lambrissée en sous-face. Au 13ème siècle, les autorités religieuses ont « lancé » des voûtes. L'épaisseur des murs existants n'étant pas suffisante, il a fallu aussitôt réaliser à la hâte des contreforts pour s'opposer aux poussées énormes qui menaçaient les murs gouttereaux, Un des contreforts a été chemisé ultérieurement. Toutefois avec le temps l'eau a miné sa structure, occasionnant des dégâts très importants qui obèrent sa solidité. Des travaux très délicats et très coûteux vont devoir être mis en oeuvre prochainement.


Ici dans le cubzaguais « ça a castagné » ( expression chère à l'intervenante). Il a fallu mettre l'église en sécurité. Des travaux visant à mieux la défendre furent entrepris. Ils ont surélevé les murs, ont réalisé des créneaux défensifs et des échauguettes. Les guetteurs pouvaient ainsi observer tout mouvement antipathiques et assurer un refuge sécurisé pour la population. Le clocher a été surélevé, lui aussi. Il était nécessaire d'être vu ( du point de vue des autorités religieuses ) et de bien voir ( sécurité ). Tous ces travaux destinés à la défense de l'édifice religieux ont fait écrire à Léo: « cette église est une véritable forteresse ».


Pour accéder au beffroi,( charpente en bois renforcée d'éléments métalliques dus à Eiffel ), il faut emprunter un escalier assez raide. Trois cloches du 18ème siècle assuraient les annonces publiques: vendanges, incendies, dangers pour la population, dates remarquables, heures, etc… ). Aujourd'hui, un mécanisme électrique contrôle le bon déroulement de l'opération. Madame Ballion précisa que, la poussée exercée sur les murs du clocher, lorsque les cloches sonnent, représente plusieurs fois leur poids.
Notre architecte confirma la présence traditionnelle de peintures couvrant la totalité des murs intérieurs des édifices moyenâgeux. Léo au cours de sa visite n'a pas vu l'abside car des boiseries peintes couvraient les murs. Des traces de peintures datant du 16ème siècle auraient été trouvées. De nos jours, la chapelle est habillée avec du stuc et de la chaux qui habilement peints créent l'illusion à du marbre. Toutefois, une statue de Marie, dorée, resplendit d'authenticité. Autrefois, les restaurations étaient très nombreuses. De nos jours, la règle fondamentale consiste à faire des restaurations réversibles permettant de retrouver les couches précédentes. L'apothéose de la visite de cette église est sans conteste une piéta en albâtre anglais datant du 14ème siècle, fabuleusement bien conservée, très peu restaurée. Elle a été retrouvée dans le sous-sol de l'église, accidentellement au cours de sondages. Elle devait faire partie d'un ensemble plus important jamais localisé.


A l'extérieur, les murs étaient couramment enduits. Ici notre intervenante s'est conformée à la teinte trouvée sur un fragment bien conservé, ( jaune pâle ) pour badigeonner les murs de la sacristie. Les édifices romans étaient généralement très décorés. A l'extérieur, de nombreux modillons aux formes géométriques ou représentants des têtes humaines et animalières décorent l'édifice. A l'intérieur des têtes, des feuillages illustrent les chapiteaux des colonnes. La décoration habillait généralement les éléments architecturaux nécessaires à la solidité du bâtiment. Le chevet extérieur comporte cinq faces séparées par des colonnes assurant le monolithisme de l'ensemble et donnant un aspect esthétique indéniable à la façade. A l'intérieur, dans la voûte en « cul-de-four » des pierres judicieusement placées assurent une bonne descente de charge vers le mur de base, sans altérer l'esthétisme de la composition.

Le portail occupe une façade plate où l'architecture ancienne a disparu, Quelques éléments çà et là rappellent ce qu'à pu être cette partie de l'édifice. Beaucoup de questions resteront sans réponse, faute de document. Les surélévations ( liées à la mise en défense de l'édifice ) lui confèrent une grande hauteur. Ces dimensions peu courantes s'expliqueraient par une situation économique locale florissante à plusieurs époques, la proximité d'une voie jacquaire très empruntée, l'insécurité liée à des troubles locaux fréquents, une concurrence exacerbée entre les différentes abbayes. La présence de nombreuses reliques de St André et St Gérard ont donné de l'importance à l'église, justifiant encore sa mise en défense et sa surélévation.
Un verre de l'amitié a conclu ces deux heures très intéressantes, passées en compagnie d'intervenants captivants. Il a plu sur la Fête à Léo contrairement à l'habitude. Demain, nous participerons à la dernière journée de la Fête à Léo 2009. Gageons que l'automne soit riche en découvertes.
A bientôt sur les chemins, Léo vôtre.
Dominique D.


Rendez-vous : Eglise Saint-André– 10h00
Visite de l'église de Saint-André de Cubzac, avec l'architecte du patrimoine, Evelyne Ballion, qui en a dirigé la restauration.

Afficher Ballades 2009 sur une carte plus grande