mardi 31 août 2010

Sortie au Teich le 31 juillet 2010

2010-07-31 AML Le Teich.JPG
[WWW]Photos d'Yves Carlier 
[WWW]Photos et commentaires d'Anne-Marie LAMAIGNERE

La Leyre 

Balade estimée à 12 km dans le parc ornithologique du Teich et le long de la Leyre. Chambrée : 65 personnes. Très beau temps : Partenaires: Municipalité du Teich, Office de tourisme du Teich, la Maison de la Nature du Bassin d’Arcachon ( Parc Naturel des Landes de Gascogne) et les Amis de Léo Drouyn. Intervenants passionnants : Jean Lannes et Raymond Lafargue guides nature.
Après le café de bien venu accompagné de quelques douceurs les marcheurs furent
divisés en deux groupes afin de permettre aux deux intervenants d’établir une plus grande complicité avec leur auditoire.
Une brève leçon d’histoire locale nous fut proposée par nos guides du jour. Ils évoquèrent les différentes traces laissées par les premiers groupements humains jusqu’à la situation actuelle du port de plaisance et sa plage artificielle. Nous apprîmes que les premiers ports du Teich se trouvaient sur la rivière l’Eyre. L’un sis à proximité du château au lieu dit la Moulette ( moulin à eau ), l’autre à l’intérieur des terres. 


Dans le premier des cas, une redoute ( ouvrage fortifié, isolé ) établie sur une ancienne mote ou castera sécurisait le lieu. Elle était reliée au château, par une allée située sur une levée de terre équipée d’une tour de gué.
Dans le second des cas, présence d’un autre port au lieu dit le « Gurp de Vignasse » ( lieu profond ou gouffre ). Ce vaste estuaire resserré aux extrémités formait un bon abri pour les bateaux. 

Vers 1868, le troisième port fut créé pour faciliter le chargement et le déchargement des marchandises arrivant ou partant par la mer avant de devenir un port ostréicole.
En 1970, création du Parc Ornithologique. Le port fut agrandi et élargi en lieu et place du port précédent.
Le port actuel vit le jour avec le contrat de ville moyenne en 1984. Le nouveau port de plaisance intégrant l’aménagement des rives de la Leyre fut complété par la création d’un plan d’eau de baignade.
Ces éléments d’informations me furent fournis gracieusement par mr R.Lafargue, un de nos guides du jour à partir d’une documentation très complète.
Quelques noms prestigieux ont laissé des traces dans l’histoire locale. Nous relèverons la famille de Castéja qui, au 15 ème siècle a remanié le château qui se nommera Rufat ou Ruat

Au 18 ème siècleJ.M Amadieu de Ruat, baron d’Audenge, conseillé au parlement de Bordeaux, acheta le Captalat de Buch à son dernier propriétaire. Les Amadieu de Ruat Captaux de Buch, furent les précurseurs de Brémontier et de Chambrelent dans leur lutte contre les sables mobiles en faisant semer des pins sur la côte océane. Ils firent notamment drainer et planter la lande du Teich au 18ème siècle.
Le général de Lespinasse fit construire la gare de Lamothe sur ses terres pour accueillir l’Empereur Napoléon III. Ce fut la première étape de la ligne ferroviaire Bordeaux Arcachon.
L’Empereur s’inspira de l’œuvre des Amadieu de Ruat en ordonnant en 1857, l’ensemencement de toute la forêt des Landes. Elle reste à ce jour la plus vaste forêt artificielle d’Europe. La grille d’entrée du château est restée fermée en son honneur.
Le matin fut consacré à la (re)découverte du Parc Ornithologique. Ce dernier est situé entre le delta de la Leyre et la lisière de la forêt Gascogne. Terrain de pisciculture jusque dans les années 1969, il fut transformé et ouvert en parc ornithologique en 1972. 80 des 260 espèces recensées sont sédentarisées sur les 120 hectares du parc. Nous avons emprunté le Sentier du Littoral et cheminé au cœur du parc entre des haies arbustives, des forêts roselières, des prairies des marais et autres lagunes. Les roseaux-massue ou massette habillent les bords des chemins disputant l’espace au Sénosson plante invasive comme la Baccharis. Nous avons observé les foulques, les sarcelles et autres canards au col vert faire des ronds dans l’eau. 

Les grands échassiers, les hérons cendrés, l’aigrette-gazette respectaient l’immobilité des cormorans juchés sur leurs piquets de bois. Quelques rares spatules évoluaient à proximité de l’un des 20 observatoires mis à disposition du public. Goélands et mouettes animaient un ciel bleu immaculé. L’arrivée intempestive et bruyante de notre groupe a surpris quelques ragondins qui se sont immergés prestement. Les cigognes blanches, en résidence dans le parc, paraissaient indifférentes aux multiples allées et venues des autres espèces. Les passereaux laissèrent passer les heureux témoins d’un ballet sonore. La grenouille taureau et la tortue de Floride espèces invasives se sont faites très discrètes.
La halte sur une des plages du fond du bassin bordant le parc ornithologique
a permis à nos deux intervenants de regrouper l’ensemble des participants afin d’évoquer à notre attention l’histoire tourmentée de l’huître arcachonnaise. J. Lannes nous rappela rapidement que les Grecs mangeaient beaucoup d’huîtres ramassaient sur les bancs naturels. Ils procédaient parfois à des votes avec le dessus des coquilles notamment lorsqu’il s’agissait de bannir un citoyen de la société. Le terme d’ostracisme viendrait d’ostra ( huître). Le terme huître en latin « ostrea » devenu « oistre » puis « uitre » auquel on ajouta un « h » pour différencier le « u » et le « v » qui jadis s’écrivaient tous deux par « v » évitant de la confondre ainsi avec « vuitre » ( vitre). 

De l’époque romaine jusqu’au XVI ème siècle, la consommation d’huîtres se fit sans se soucier de sa reproduction. Elle était alors ramassée à l’état sauvage. Les huîtres restaient un produit très apprécié de la noblesse, symbole d’une bonne table. L’engouement pour ce produit aboutit progressivement à l’épuisement des bancs naturels.
Dès le XVI ème siècle la culture de l’huître devient petit à petit nécessaire.
Au XVIIIème siècle les autorités s’en émurent interdisant sa pêche les mois en « R » de mai à août période de reproduction de l’huître.
En 1864, création du premier établissement ostréicole à Belon créé par Auguste Solminihac et Hippolyte de Mauduit. Afin de reconstituer les bancs d’huîtres
Napoléon III encouraga l’importation des huîtres en provenance d’autres pays.
L’huître indigène et originelle des côtes françaises est l’ « Ostrea Edulis » ( huître plate ) appelée « Gravette » à Arcachon et « Belon » en Bretagne.
Le 14 mai 1868, un bateau, le Morlaisien, en provenance du Portugal et se rendant dans les îles Britanniques, pour échapper à la tempête qui faisait rage se réfugia dans l’estuaire de la Gironde. Au moment de repartir, constatant que les huîtres étaient avariées, les jeta par-dessus bord. Les huîtres entraînées par les courants viendront coloniser le Bassin d’Arcachon et les côtes charentaises. 

En 1970, l’huître portuguaise (Crassostera Angulata) est frappée d’une épizootie qui détruisit l’ensemble des élevages présents sur la côte atlantique française.
La ( Crassostrea Gigas ) la remplaça. Cette huître en provenance du Canada avait des naissains collés sur des coquilles du Japon.
En 2008 : mortalité anormale des huîtres juvéniles due à un virus répondant au doux nom de « OsHV-1 ». Pour faire face à ce nouveau fléau les ostréiculteurs locaux ont déversé dans le Bassin des tonnes d’huîtres bretonnes.
Au cours de son intervention, Jean Lannes a évoqué le nom de Mr Michelet maçon testerin inventeur du « chaulage » procédé consistant à enduire de chaux les tuiles sur lesquelles les naissains se fixent. L’intervenant évoqua encore la construction des « cabanes tchanquées » destinées à assurer la surveillance des parcs à huîtres.
Le traditionnel pique-nique s’est déroulé à proximité du port de plaisance actuel ou près de la plage ouverte à la baignade. Ce moment d’une grande convivialité précéda la promenade le long de la Leyre. La chaleur ambiante 

nous fit apprécier la fraîcheur salvatrice accompagnant les bords ombragés de la Leyre . Aulnes, chênes et pins créent une voûte végétale sous laquelle des sentiers musardent. La petite Leyre et la grande Leyre se rejoignent à Moustey pour se jeter dans le Bassin d’Arcachon par le biais du delta de la Leyre. L’eau circule sur un lit de sable, prenant une teinte couleur rouille à cause de la présence en quantité d’alios connu sous le nom de Garluche ou de pierre des Landes. Cette dernière à l’état naturel provient de sables cimentés ou amalgamés par des hydroxydes de fer, de manganèse, d’aluminium et de matières organiques. C’est un minerai de fer. La Leyre ( la maigre, peu virulente), trouverait sa source vers Lugon ou Captieu pour se jeter dans le Bassin d’Arcachon au bout de 130 km. La Leyre ne participe pas aux mouvements importants des eaux qui animent le Bassin. Ce ruisseau accueillait autrefois, des barges transportant des briquettes, de la résine et du bois quand ce dernier n’était pas acheminé par flottaison. L’Osmonde Royale est une fougère de grande taille, millénaire assez rare. Au cours de notre déplacement nous avons eu la surprise d’observer quelques spécimens de cette fougère. Nos guides nous ont conduit au lieu dit Lamothe pour y découvrir une fontaine (reconstruite ) qui n’a peut-être jamais vu d’eau et qui pourrait avoir accueilli les ex-voto des pèlerins de St Jacques de Compostel. L’emploi trop fréquent du conditionnel laissa beaucoup d’entre nous septiques sur l’origine et la fonction réelles de cette fontaine. Nous reprîmes notre chemin en direction de la salle multimédia du Teich pour y assister à une conférence de Bernard Larrieu

Ce dernier se proposait de commenter le thème suivant :
« L’iconographie et les représentations du Bassin, de la lande et de la forêt avant la photographie ; essai de présentation raisonnée »
Notre éminent historien a décelé semble t il quatre périodes identifiant l’état d’esprit différent avec lequel fut menée la représentation graphique et littéraire des paysages cités ci dessus. Toutefois ces périodes n’ont pas de limites franches. Elles se chevauchent, se complètent sont interdépendantes les unes des autres.
Nous avons appris en résumé, qu’avant la date de 1800 il y avait peu de document.
Quand ils existent, la description ethnographique des autochtones est très caricaturale. Le jugement concernant la population est dépréciatif. Les êtres sont présentés comme des rustres et des idiots.
La deuxième période s’attacherait à dépeindre l’aspect pittoresque des sujets.
Avec la troisième époque les auteurs délaissent un peu la représentation pittoresque des situations pour souligner l’aspect naturaliste des paysages. Le train arrive à La Teste. Les lieux deviennent touristiques, intéressants. Il faut mettre en valeur les sites et les habitants. 

La quatrième période s’attache à vite témoigner, tant qu’il est encore temps, de l’état des lieux d’une société entrain de disparaître. Un regard ethnographique, analytique de la société ressort notamment de l’œuvre picturale de Léo Drouyn. La photographie va prendre le relais.
Pour récupérer de cette intéressante iconographique, un verre de l’amitié accompagné d’huîtres vint nous rappeler combien il est doux de vivre sur le Bassin d’Arcachon et qu’une fois de plus il a fait très beau sur la Fête à Léo.
Sources :
Eléments fournis par Mr Lafargue.
Extrait des archives du château de Ruat, de la Société Archéologique de Bordeaux, Ste Scientifique et Historique d’Arcachon.
Document d’information et publicitaire concernant le Parc Ornithologique du Teich .

Dominique Darquest




Samedi 31 juillet
Le sentier du littoral et les bords de l’Eyre.
• Randonnée pédestre (12 km env.) en partenariat avec la Municipalité du Teich, l’Office de Tourisme du Teich, la Maison de la Nature du Bassin d’Arcachon (Parc Naturel des Landes de Gascogne), les Amis de Léo Drouyn.
> visite guidée et commentée par Jean Lannes et Raymond Lafargue, guides Nature, et Yves Pétetin, érudit local.
09h00 : Accueil au Port du Teich
Découverte du Parc Ornithologique
Sentier du littoral
13h00 : pique-nique tiré du sac au port du Teich
Fontaine Saint-Jean
Bords de l’Eyre
Prés salés
17h30 : Salle multimédia, entrée du Parc, conférence en images de Bernard Larrieu : «L’iconographie et les représentations du Bassin, de la lande et de la forêt avant la photographie ; essai de présentation raisonnée».
> Verre de l’amitié offert par la Municipalité.
Manifestation gratuite
Informations, inscriptions souhaitées pour une bonne gestion de la journée
Office de Tourisme
Syndicat d’Initiative Le Teich
Place Dubernet
Tel : 05 56 22 80 46
Courriel : office-de-tourisme-le-teich@wanadoo.fr