vendredi 9 juillet 2010

Sortie à Marcillac 3 juillet 2010


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      Mangez du pain 
      Vous vivrez bien.
Chambrée : 30 personnes – temps couvert
Intervenant : Didier Coquillas
Accueil sympathique de la municipalité et par Mme Jeanine Mornon.
Promenade de 8 km autour de Marcillac à la découverte du patrimoine architectural local.
Le café de bienvenue accompagné de quelques douceurs, les vins de la cave de Marcillac dégustés à l’ombre d’un tilleul servis avec des encas salés et sucrés ont contribué une fois encore à la qualité de l’accueil local.


Point d’orgue de cette journée avec un concert de qualité : voix, mandolines et guitares dans l’église de Marcillac, sous la direction d’Hélène Péret (Orchestre à plectres* des coteaux de la Gironde).


Etat des lieux de la commune de Marcillac : son territoire aurait été investi dès la période du Paléolithique. La découverte de quelques galets datés de cette époque l’attesterait. Des traces de l’époque gallo-romaine auraient été mises au jour dans plusieurs endroits. Les coteaux boisés et giboyeux ont certainement fixé très tôt dans l’histoire la présence humaine.Aujourd’hui, cet ensemble arboré s’appelle la forêt de la Double : le visiteur se trouve encore dans son périmètre lorsqu’il arrive à Marcillac.
Cette forêt fut longtemps localement un « no man’s land », véritable aire de « non-droit », où se réfugièrent des hordes en hostilité avec les autorités locales. A d’autres époques, elle fut envahie par une main d’œuvre qui se voulait libre de toute contrainte, qui y développa, dans une sécurité (relative), la verrerie (ressources naturelles existantes dans la forêt*), la chaudronnerie, le travail des métaux, du bois… Une activité économique dynamique se développa dans des « airials » locaux et s’exporta.


Elle fut au cœur de conflits locaux. Certains protagonistes de la « guerre du sel » s’y seraient réfugiés. Notre guide nous le répéta à maintes fois : «Nous sommes ici dans une région frontalière ». Nous sommes à proximité de la limite entre la Charente Maritime et la Gironde. Autant dire une frontière entre deux mondes. Les duchés du Poitou et de la Gascogne trouvaient leurs limites dans ces paysages. Les diocèses de Saintes et de Bordeaux aussi. Tout était rassemblé pour que les conflits se multiplient et laissent des traces dans l’histoire. Les tensions étaient en permanence exacerbées. Cet environnement explique certainement la présence de ce que jusqu’à présent nous appelions des mottes castrales. Ici, nous parleronsd’enceintes fortifiées et de « doue ».



Cette levée de terre qui disparaît aujourd’hui sous les pins maritimes, les chênes, les acacias et autres essences d’arbres est une rareté en Haute Gironde et dans le Blayais.
La Doue de Damet, fut mentionnée pour la première fois en 1868. Les mouvements de terre, visités par le groupe de curieux de la Fête à Léo, furent décrits en 1879 par F. Daleau (1845-1927). Il s’agit d’une enceinte fortifiée d’une dizaine de mètres de haut et d’un diamètre de 30 mètres. Elle surplombe, au nord, le ruisseau des Hauts-Ponts. Elle est entourée d’un fossé qui ceinture son flanc ouest. Les terres, retirées du fossé ont permis la construction d’un niveau intérieur (1ere basse-cour). A l’Ouest, cette terre est plus élevée.

Les historiens pensent que l’accès principal à cette place fortifiée devait se situer à cet endroit. A noter, l’absence de pierres, excepté dans la construction d’un puits sur le flanc ouest de la Doue. Aucun texte ancien, aucune découverte probante n’ont apporté des informations sur ce site. La présence d’un ancien château n’est pas mentionnée sur le cadastre. Le lieu serait abandonné depuis longtemps.
Les historiens estiment toutefois, qu’une construction fortifiée, en bois, pourrait avoir été érigée sur cette motte au moment où Anglais et Français renforçaient leurs défenses frontalières respectives. Une estimation proposée par J. Coutura daterait cet ensemble du XIVème siècle. Son origine pourrait être antérieure.


Les constructions en bois n’ont pas laissé de trace avec le temps. Toutefois, la lecture des faits historiques locaux, laisse à penser qu’une fortification contrôlait le secteur, en ce lieu privilégié pour l’observation « des mouvements antipathiques ». Sur plusieurs documents, le château de Vignolles est souvent associé à la Doue de Damet. La visite commentée de ce mouvement de terre a fait l’objet d’une escapade inhabituelle et sympathique pour les amis de la Fête à Léo.


L’église de Marcillac est dédiée à Saint-Vincent et à Saint Laurent. Elle fut visitée par Léo Drouyn en 1857. Cette église romane d’influence saintongeoise, bâtie sur un point élevé, fut remaniée et transformée à maintes reprises au cours de son histoire.
L’église serait datée du XIIème siècle. Elle est très composite. La nef est de grande longueur, attestant de l’importance de la paroisse initiale. Le cœur est ogival et daterait du XIIIème siècle, le bas-côté fin XIème siècle. Le clocher fortifié construit sur le chœur a subi de nombreux aménagements. A l’époque moderne (du XVIème siècle au XVIIIème siècle ), la chapelle, le bas-côté nord, la sacristie subirent de lourdes interventions. Certains éléments de l’église seraient classés. Léo Drouyn regretta que le portail ne fut pas achevé au moment de sa visite. Il aurait écrit que cet ouvrage aurait pu être le plus beau du département s’il avait été fini.


Dans la dizaine de pages consacrées à la description de cet édifice, Léo Drouyn évoque le chœur en ces termes « très beau pour une église de campagne ». Il en fit de même avec la sculpture : « les chapiteaux sont fort remarquables à cause de l’ampleur des ornements qui les couvrent ». Il consacre plusieurs pages à la sculpture de la belle porte romane. A l’extérieur, nous eûmes le loisir de constater que des assises de pierres ferreuses furent utilisées à des fins esthétiques dans l’édification du mur. Notre guide rappela qu’en longeant les façades de l’église, nous foulions le cimetière et ses tombes.


Croix du cimetière
Cette érection est située à l’angle du cimetière (initial) de l’église St-Vincent . Cette croix magistrale est l’une des plus grandes du département (4,40m). Léo Drouyn, fasciné, la data de la fin XVème siècle, début XVIème siècle. Un autel y a été rapporté afin d’y pratiquer quelques rites.
C’est une croix hosannière car on y baptisait les Rameaux en chantant « l’Hosanna », prière supplique destinée au créateur. Elle repose sur une base et un socle. Les marches initiales ont disparu. Elle est composée de plusieurs niveaux accueillant des sculptures (12) de saints et de saintes finement sculptées (à l’origine). Depuis, les vandales, les vicissitudes climatiques et la pollution ont mis à mal cette qualité. Au fur et à mesure que l’on s’approche du sommet, les degrés s’amincissent. « Du beau monde » habite cette croix : St Pierre, St Jacques le Majeur, St Jean, St André, St Vincent, St Laurent, Ste Catherine, etc….


Une réplique de cette croix de cimetière se trouve à quelques kilomètres, à Petit Niort.
Moulin de Reguignon, près de Marcillac.
C’est une visite que nous recommandons vivement. Ancienne minoterie du XVIIIème siècle, le moulin à eau était alimenté par une dérivation faite sur le cours de la Livenne (ruisseau important). Il fonctionnait avec trois paires de meules entraînées par deux roues à augets.
Les frères Huchet (propriétaires), passionnants autant que passionnés, ont tout simplement raconté leur vie passée à côté de celle de leur père, un des derniers minotiers du pays.


Le grain de blé, pour devenir de la farine de boulangerie ou de pâtisserie (selon la qualité recherchée) devait emprunter un labyrinthe d’une centaine de mètres de long, semé d’embûches disposées sur les trois étages du moulin, cela en trente minutes.
Après un repos, la farine était ensachée pour être expédiée. Sur 100 kg de blé, le meunier obtenait 75 kg de farine, 20 kg « d’issus » et 5 kg de résidus. Voici les grandes étapes de cette transformation : stockage des sacs de blé, nettoyage du blé, tri et élimination des éléments incongrus, broyage des grains de blé, ventilation et tri, convertissage, c’est-à-dire affinage du blé avec choix de la qualité de la farine souhaitée, tamisage de la farine (filtre en soie), chambre à farine (stockage), repos de la farine, ensachage de la farine et enfin expédition des sacs de farine.


Les « renvois » et la gravité restèrent les grands principes hydrauliques mis en œuvre afin d’assurer le bon fonctionnement du moulin. « Le génie » et l’astuce du minotier mis au service de cette machinerie complexe et subtile nous renvoient à une époque révolue, bien éloignée de la nôtre.
Cette visite fut l’une des plus attrayantes de la Fête à Léo, où il a encore fait beau.
En prenant congé de nos hôtes, je relisais avec amusement et nostalgie ( régimes alimentaires ) l’affiche publicitaire trônant dans le bureau du meunier :
« Mangez du pain 

    Vous vivrez bien. »

(*) médiator : lamelle plus ou moins souple qui sert à toucher les cordes de certains instruments (mandolines, banjo, guitare)
(**) sable + potassium + bois+ eau
Sources complémentaires:
Circuit roman Léo Drouyn, Communautés de Communes de l'Estuaire et du Canton de Blaye
Editions de l'Entre-deux-Mers.
Notes historiques et archéologiques (Léo Drouyn )
Etude sur l'occupation du sol en Blayais-Bourgeais D.Coquillas
Document d'information fourni généreusement par Mme Jeanine Mornon
Dominique D.



Marcillac à la frontière de la Haute-Gironde et de la Saintonge

Samedi 3 juillet
Patrimoine et paysages de Marcillac, avec Didier Coquillas.
• Randonnée pédestre (12 km env.) sur le territoire d’une commune dont la croix de cimetière est l’une des plus célèbres du Département. Léo Drouyn vint à Marcillac spécialement pour l’étudier et la dessiner !
> Visite guidée et commentée par Didier Coquillas (Cercle archéologique de Saint-Ciers et association Océan). En partenariat avec le Cercle Archéologique et Historique de Saint-Ciers et la mairie de Marcillac.
09h30 : Accueil place de la poste, à Marcillac, par le Cercle Archéologique
Présentation de la célèbre croix de Marcillac (XVe siècle)
10h00 : marche commentée vers Reguignon avec commentaires sur un moulin à eau
12h30 : retour au bourg de Marcillac, pique-nique tiré du sac
14h : marche commentée vers la motte castrale des Hauts-Ponts
17h00 : retour au bourg, rafraîchissement et dégustation de vins de la Cave de Marcillac offerts par la Municipalité
Visite de l’église Saint-Vincent
17h30 : Concert de mandolines et guitares dans l’église de Marcillac sous la direction de Hélène Peret (Orchestre à plectres des coteaux de Gironde)
Manifestation gratuite
Informations, inscription souhaitée pour une bonne gestion de la journée
Cercle archéologique et historique du Canton de St Ciers
Tel : 05 57 32 98 29